Suite à District 9 et son succès public, le protégé de Peter Jackson, Neill Blomkamp, nous livre un deuxième film de science-fiction se voulant métaphore de notre société actuelle. L’idée de base (dans le sens « basique » du terme) : en 2154, la Terre est un bidonville géant dans lequel survivent les gens normaux, tandis qu’en gravité autour de notre planète se trouve une gigantesque station spatiale (Elysium) quelques peu terraformée abritant les nantis. Matt Damon (ici Max), ouvrier à Los Angeles, se retrouve contaminé suite à un accident du travail et veut donc se rendre sur la station, où toutes les maladies sont curables. Jusque-là pas de soucis, c’est du vu et revu mais y’a moyen de moyenner.
Passée la scène d’introduction lourdingue en flashback elliptiques sur la jeunesse de Max, on commence à douter. Puis le film prend un tournant appréciable, nous montrant le fonctionnement de cette Terre de façon intéressante, avec des juges et des policiers robotisés et en parallèle, une Jodie Foster ministre de la défense d’Elysium à la main de fer. Le problème est qu’une fois la situation posée et Damon contaminé, le réalisateur sud-africain délaisse cet univers qui mériterait approfondissement pour se concentrer sur une histoire romantique et de l’action à tout va sans aucune saveur, cumulant toutes les fautes du genre. Le mélo ambiant plombe le film, et les scènes d’actions sont dignes d’un Michael Bay.
Le film rate donc là où il y avait matière, en oubliant que l’important dans de la SF de ce type, ce sont les codes qui régissent le monde, et non la démonstration d’effets pyrotechniques et du nombre de façon qu’il y a de faire exploser un homme. Car dans toute cette débauche de bons sentiment et d’action, on retrouve tout de même quelques touches de D9 : Blomkamp adore faire voler les corps en charpie, les inégalités c’est mal, et les méchants sont très méchants. Car là, outre Jodie Foster, vilaine en col blanc, on a le droit à un mercenaire beauf à l’accent à couper au couteau (Sharlto Copley, héros du précédent film) qui est pour le coup un vraiment méchant de nanar, qui mérite son propre paragraphe.
Kruger, puisque c’est son nom, c’est l’archétype du méchant vraiment badass. Subtilement présenté comme un sadique psychopathe, il ne cessera de nous rappeler à quel point il aime être le Méchant Démonstration avec quelques citations :
“I will find you! I will hunt you down!”
“You want to come to my fucking house and play? All right let's fucking play!”
“You think you can get through me!”
“I’m just getting started.”
Le personnage en est si ridiculement stéréotypé qu’il en devient l’un des points positifs du film, puisqu’il nous fera souvent lâcher un sourire, contrairement au reste du film assez plat.
En dehors de cela, on retient un Elysium qui rappelle furieusement la Citadelle de Mass Effect dans son architecture, et toute une panoplie de décor semblable à celle de District 9. Autant son premier film avait un certain cachet et des idées à foison, et bien que non exempt de défauts, ceux-ci était facilement pardonnables ; autant ici on a devant nous un copier-coller assez insipide de ce qui faisait le charme de District 9. Trop de moment à violons déployés, trop de scènes de gunfight sans panache, bref un bon ratage. Rien ne se démarque vraiment du lot à l’exception de Kruger, et des effets spéciaux qui sont au top (merci à Weta Workshop, tout droit sorti du Seigneur des Anneaux et officiant déjà sur D9). Non vraiment, Blomkamp n’a rien du jeune prodige.