Mais pourquoi est-il si méchant ??? Parce que!!
Nombreux sont les cinéphiles jadis conquis par "District 9", le premier long de Neil Blomkamp, à avoir été déçus par "Elysium". Personnellement j'ai toujours trouvé "D9" quelque peu surestimé, même si ce dernier avait le bon goût d'apporter un regard frais, neuf et surtout social sur la SF moderne.
Dans "Elysium", exit la satire sociale et politique. Même si le Los Angeles du futur, ravagé par la surpopulation, la pollution et la maladie, imaginé par Blomkamp, est bluffant (et terrifiant) de réalisme, il ne sert ici que de banale toile de fond à l'intrigue, qui voit donc les riches s'exiler sur la station Elysium pour pouvoir maintenir leur niveau de vie...de riches!! Et aussi par la même occasion être préservé de tout problème de santé. Bon comme on le voit dans le film, faut vraiment être pété de thunes de chez blindé pour pouvoir s'installer là-haut.
Des clandestins essaient bien de temps à autres de taper l'incruste, mais la sécu de la station, ainsi que la machiavélique ministre Rhodes, veillent au grain.
On ne va pas raconter toute l'intrigue (d'autant qu'on a déjà connu plus original...), mais il serait hypocrite de ma part, même si j'ai apprécié le film, de passer sous silence certains défauts qui sautent aux yeux : l'écriture d'"Elysium" est bâclée, l'interprétation laisse parfois franchement à désirer (Jodie Foster ridicule, William Fichtner pas crédible, acteurs "débutants" made in Mexico en roue libre...), et pour tout arranger le scénario est bourré d'invraisemblances et d'ellipses très malvenues, tout cela parasitant donc assez régulièrement le film...
Cela n'empêche pas "Elysium" d'être un solide blockbuster d'action SF, jouissif, violent et décomplexé!!
Visuellement déjà, il faut avouer que c'est sublime, dans le genre SF crédible, difficile de faire mieux.
Les superbes effets visuels se fondent parfaitement dans les paysages urbains en déliquescence de L.A., alors que la station Elysium, foisonnante de détails, est bluffante de beauté et de réalisme.
Réussite visuelle incontestable, "Elysium" doit être consommé pour ce qu'il est, à savoir un énorme "pop corn movie SF" pour adultes. Les références sont nombreuses, de "Mad Max 2" à "Terminator", en passant par "Robocop" ou encore plus récemment "Oblivion" pour la richesse et la beauté visuelle. En ce sens, s'il est loin d'être parfait on l'a déjà dit, le second long de Blomkamp a au moins l'immense mérite, surtout par les temps qui courent à Hollywood, de ne pas péter plus haut que son cul.
Matt Damon, en ouvrier amené malgré lui à se sacrifier pour devenir à moitié cyborg, est excellent, comme presque toujours, et continue de confirmer sa crédibilité de héros de films d'action, chose qu'on aurait décidément pas imaginé à ses débuts. Mais pour la véritable réussite du film, Blomkamp peut remercier son pote Sharlito Copley, qui, avec son accent sud africain à couper au couteau, campe l'une des ordures les plus géniales vues au cinoche, se délectant du sadisme, de la perversité et de la folie de son personnage.
Pas de doute, son affrontement entre son personnage et celui de Matt Damon est bien LE film dans le film, et booste d'ailleurs sacrément l'intérêt de ce dernier.
A noter d'ailleurs que le titre de ma critique se réfère directement à son personnage complètement psychotique certes, mais au combien jouissif tant il s'avère décomplexé dans ses comportements, et qui plus est dénué de tout sens moral. Pour résumer, un bad guy comme on en voit que dans les comics, et assurément un personnage amené à devenir culte.
Les scènes d'actions et les chorégraphies des combats sont par ailleurs assez époustouflantes, et force est de reconnaître donc que, malgré les grosses faiblesses évoquées plus haut, on s'en prend plein la tronche et qu'on en redemande.
Et si l'originalité, la pertinence, l'ironie et la portée sociale (à un moindre niveau pour cette dernière, tant le fossé entre pauvres et riches semble s'accentuer, et pourrait fort bien débouché sur un scénario comparable au film dans un futur pas si éloigné que ça) de "District 9" sont ici portées disparues, il n'en reste pas moins que Blomkamp pourrait bien définitivement s'affirmer comme l'un des fers de lance de la nouvelle SF "couillue" et décomplexée.
