Robert Taylor ouvre, avec ce film, une période de son parcours riche en westerns. On est en 1949 mais déjà la star, jusqu'ici impeccable dans ses tenues, nous arrive sale et mal rasé, quasiment sergioleonien, pas vraiment héroïque, rabroué par civiles et militaires, il ne moufte guère et se fait même ridiculiser (pour une vedette de western) dans un règlement de compte à la loyale. Rien que pour ça, le film doit être vu. Mais ce n'est pas tout. Les relations entre les personnages sont assez crédibles et sont même moins mièvres que chez John Ford. Pour interpréter un officier rigide type Fonda dans Fort Apache, John Hodiak est parfait et le reste de la distribution fera plaisir aux amateurs puisqu'on retrouve Arlene Dahl (Le convoi maudit et surtout l'excellent « Deux rousses dans la bagarre »), John McIntire (qui, à 42 ans, joue ici un vieux, ce qui sera sa spécialité dans moultes westerns, notamment « Coup de fouet en retour » où il joue le père de Widmark alors qu'il n'a que 7 ans de plus) et Jean Hagen (L'homme à la carabine).
Avec tout ça, on a :
un fort pas ou peu fortifié (Le décor est bien);
des soldats pas plus motivés que ça, dans ce coin perdu
de l'amour compliqué (Les situations entre hommes et femmes sont assez modernes et bien vues) ;
de l'action réussie au milieu de décors naturels magnifiques (ça aurait justifié la couleur),
des Peaux-rouges joués par des Peaux-rouges qui parlent une langue qui semble être locale ;
des scènes assez originales pour les batailles bien réglées ;
des prises de vues et un montage séduisants.
Bon ! C'est un film MGM et on n'y badine donc pas avec la morale ; à la fin, elle sera un petit peu trop sauve. C'est la seule faiblesse scénaristique. J'ai quand même passé un assez bon moment.
C'est le seul western et le dernier film de Sam Wood (si on excepte sa participation à la réalisation de « Autant en emporte le vent »).
- Il mourut aussitôt après le tournage, à 66 ans