Critique de Emilie, l'enfant des ténébres par cathVK44
À l’heure du traumatisme, les flammes de la damnation bouillonnent. Aux enfers, dans la chute de l’Ange, Œdipe a rencontré le diable.
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le 1 août 2024
Il Medaglione Insanguinato ou Émilie L'Enfant des Ténèbres sorti en 1975 est l'un des derniers films de Massimo Dellamano qui se tuera un an plus tard dans un accident de voiture. Célèbre directeur de la photographie et réalisateurs de films tels que Mais Qu’avez Vous Fait à Solange ? ou La Lame Infernale le réalisateur italien s'aventurait ici dans un genre très en vogue à l'époque avec le film de possession démoniaque. Mais si par certains aspects le film pourra faire vaguement penser à L'Exorciste, le réalisateur et scénariste insuffle à son film bien assez d'éléments originaux pour ne pas être uniquement un sous quelque chose.
Dans Émilie L'Enfant des Ténèbres nous allons suivre un père célibataire depuis la mort tragique de son épouse dans un incendie et qui travaille sur un documentaire traitant du concept d'art diabolique. Afin de ne pas la laisser sa fille seule avec le traumatisme de la mort de sa mère , celle ci l'accompagne en Italie pour examiner un mystérieux tableau. La jeune fille qui porte en souvenir le médaillon de sa défunte mère se retrouve en proie à des visions, des cauchemars et d'inexplicables débordements de colère...
Pas facile de saisir totalement Émilie l'Enfant des Ténèbres, le récit au cœur du film est assez simple mais pourtant il semble échapper à toute forme d'explication logique ou rationnelle. Le film écrit à six mains par Massimo Dallamono, Franco Marotta et son épouse Laura Toscano nous raconte l'histoire d'une jeune fille perturbée, victime de visions , de cauchemars, d'accès de violence et maladivement jalouse des femmes qui approchent son père mais bien malin qui pourra définir les raisons de son comportement. Toutes les hypothèses possibles qui vont du traumatisme du à la perte de sa mère à la possession par le fameux médaillon, ou la réincarnation d'une jeune fille d'un autre temps se trouveront systématiquement contredites à un moment ou un autre par le récit lui même. D'ailleurs toutes les interrogations se trouvent peut être résumées dans le titre original du film Perché ?! (pas perché comme l'oiseau mais Pourquoi?!). Tout n'est peut être finalement qu'une banale histoire de complexe d’œdipe mal géré et noyé dans des circonstances externes assez toxiques. On finira surtout par se résoudre au fait qu'il se passe des trucs bizarres avec cette gamine rousse et perturbée tout comme avec ce mystérieux tableau que son père tente de comprendre. Les éléments fantastiques sont bel et bien présents (ectoplasme, visions, objets qui bougent tout seuls) mais il semblent au final n'être qu'un écran de fumée à une histoire bien trop classique. L'ambiance du film qui nous fait voyager de l'Angleterre à l'Italie est fort heureusement plutôt réussie avec notamment de très jolies scènes nocturne dans les ruelles inquiétantes d'un petit village italien. Le film est aussi avantageusement baigné par la bande originale mélancolique et répétitive de Stelvio Cipriani (La Baie Sanglante – Baron Vampire – L'Enfant de La Nuit – Blindman ) dont le très joli et imparable thème Emily's Studio avec son piano lancinant et cette voix douce qui fait ouhouhouhouh (Oui je sais c'est moins joli une fois écrit). La variation pop de ce même thème s'offre une introduction qui me fait curieusement penser à l'introduction de la célébrissime chanson de Jeanette Porque Te Vas ? , mais bon je suis loin d'avoir l'oreille musicale, si vous voulez vous faire votre idée sur Emily's Studio – Pop Version il vous suffit de suivre le lien.
Peut être est ce à cause de ce scénario assez évasif et sa structure narrative un peu lâche mais dans l'ensemble les personnages de Émilie l'Enfant des Ténèbres sont globalement assez peu fouillés et peu intéressants, ce qui n'empêche pas le film de s'appuyer sur un bon et solide casting. Dans le rôle du père qui semble plus préoccupé par son reportage que par la santé mentale de sa fille on retrouve le comédien britannique Michael Johnson (La Maison du Diable – L'Enfer des Zombies) et à ses côtés les comédiennes Ida Galli (L'emmuré Vivante – Le Orme – Exorcisme Tragique – La Queue du Scorpion) ainsi que Johanna Cassidy. Dans le rôle de la jeune Émilie on retrouve la toute jeune actrice Nicoletta Elmi qui du haut de ses onze ans avait déjà une filmographie à rendre jalouse beaucoup de vieilles actrices avec La Baie Sanglante, Qui l'a Vue mourir ? , Baron Vampire, Chair pour Frankenstein et Les Frissons de l'angoisse , bref respect !! La jeune comédienne rompue à l'exercice des films tordues semble effectivement très à l'aise pour jouer d'une présence mi innocente, mi diabolique, mi tête à claques (oui je sais ça fait trois moitiés) renforcée par sa crinière rousse, son regard profond et ses hurlements de terreur. Le film reste globalement agréable à suivre glissant inexorablement vers un final tragique et assez émouvant.
Le plus gros défaut de Émilie L'Enfant des Ténèbres est peut être justement cette filiation un peu forcée avec le classique de William Friedkin, il n'est pas totalement farfelu de penser que Massimo Dellamano souhaitait raconter le drame intimiste d'une jeune fille perturbée bien plus qu'une histoire de possession démoniaque.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Seul Au Monde (Ou Presque), 1975 - Une Horrible Année et 2023 : Films vus et/ou Revus
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le 17 nov. 2023
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