Non sans rappeler 37,2° le Matin de Beneix ou même Les Intranquilles sorti cette année, En attendant Bojangles raconte l'histoire passionnel et pulsionnel de deux amants, voulant vivre dans une liberté et une marginalité absolue voir infantile, dont l'un va souffrir de problèmes mentaux, poussant les amants vers la chute.
Bien plus théâtral que le très bon Les Intranquilles, qui lui était dans une démarche beaucoup plus réaliste puisqu'autobiographique, En Attendant Bojangles s'ouvre sur un univers totalement grandiloquant, excessif, factice, que ça soit dans la mise en scène ou dans le jeu des acteurs. On se croirait plonger dans l'univers d'un OSS 117 au premier abord, même dans la mise en scène avec des plus très fluides, trop fluides, qui poussent à se demander ce qu'on regarde.
Mais cette étonnante facticité n'est enfaite là que pour faire écho au mode de vie complètement enfantin et illusionniste du couple Efira/Duris.
Comme dans le Beineix, après un début empreint de liberté et de passion, on vogue vers le drame avec mise en scène progressivement moins artificielle, personnifiant le retour à la réalité pour ces amants, avec Efira perdant peu à peu la raison jusqu'à l'incendie et ce qui s'en suit.
Le film est assez beau sur la volonté et la persévérance de Duris et du fils à maintenir l'illusion, avec notamment le personnage de Duris qui disant au (très bon ) Grégory Gadebois qu'il savait dans quoi il s'embarquait en suivant son coup de foudre pour Efira et qu'il ira jusqu'au bout quoi qu'il arrive.
Malgré tout je trouve que le film peine à avancer, l'intrigue semble dans une impasse toutes les cinq minutes à la fin du film et on se demande où le film va s'arrêter, et ça sera sur une fin encore une fois tout à fait grandiloquente, loin de l'ambiguïté de la fin ouvertes des Intranquilles (et pourtant qu'elle efficacité).
Il en résulte un film plutôt intéressant (notamment à croiser avec le regard plus réaliste, auteur des Intranquilles), axé sur le divertissement duquel il puise sa forme et son jeu plutôt théâtral et ses péripéties romanesques, cherchant la vraisemblance plus que le réalisme, avec un duo d'acteurs important du paysage cinématographique français : une Efira divine et un Duris qui fait de son mieux.