Le néolibéralisme à deux vitesses, voilà ce qui frappe le spectateur à la fin de la projection. Marcelo Gomes nous fait découvrir la ville de Toritama, une "ville usine" située au nord-est du Brésil qui se vante d’être « la capitale du jeans ». Et pour preuve, ces milliers d’habitants ne vivent que du jean, de la conception à la fabrication en passant par la vente, ces milliers de petites mains vont jusqu’à travailler 17h/jour pour confectionner des jeans afin de fournir jusqu’à plus de 20 millions d’unités chaque année.
Contrairement aux usines chinoises qui exploitent de la main d’œuvre, ici, la main d’œuvre est maître ! Ils décident de leurs horaires, décident de travailler ou non, à quelle cadence, … et pour cause, ils travaillent tous à leur propre compte. Des micros-usines (des factions) qui ont vues le jour dans d’anciennes maisons ou garages. Des installations brinquebalantes et où le système D est devenue monnaie courante. La chaleur omniprésente, le bruit assourdissant et la vie grouillante de ces milliers de petites mains ont radicalement changé la vie de Toritama, c’est ce qu’a voulu nous montrer le réalisateur, à quelle point la ville de son enfance était devenue non pas la capitale du jean mais celle du capitalisme. Les ouvriers n’ont yeux que pour "l’or bleu", ils s’abrutissent à la tâche et ne prennent des congés qu’une fois par an, pour le fameux carnaval.
Mais comment assister au carnaval lorsque l’on n’a pas un sous ? Les ouvriers ont beau se tuer à la tâche, ils vivent toujours sous le seuil de pauvreté et doivent (comble de l’ironie) vendre ce qui leur appartient (télévision, frigidaire, …) pour pouvoir se permettre de se payer le voyage jusqu’à la plage, là où ils pourront assister au carnaval. Tout ça pour… ça.
Le productiviste et l’abrutissement à longueur de journée les ont totalement déconnecté de la réalité.
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