Plan fixe sur Béa, tirant sur un joint, allongée et regard dans le vide, en compagnie de ses amies d'un groupe féministe à Errenteria, au pays basque espagnol, en 1977 ...
C'est la scène d'ouverture de ce film qui ne m'a guère convaincu, je dois le dire, et qui plante le décor.
On suivra Béa, et uniquement elle pendant 1h30, les autres personnages n'étant présents qu'à titre illustratif, pour faire apparaître sa radicalité de femme en devenir. Et c'est peut-être là que le bât blesse.
Qu'en est-il de l'intrigue ? Il s'agit pour le groupe de Béa de soutenir les 11 de Basauri, poursuivies pour avoir enfreint la loi condamnant l'avortement en Espagne. On ne les verra jamais, on en entendra seulement parler ...
Qu'en est-il des personnages masculins ? Il n'y en a pour ainsi dire pas si ce n'est des caricatures, le violeur ou les violeurs, un père qui abandonne la mère de Béa, un beau père, violeur peut-être lui-aussi de l'amour éphémère de Béà. Aucun de ces personnages n'a une quelconque épaisseur psychologique, n'est présenté positivement à une exception près, un conducteur de bus qui soutient Béa et les siennes, mais qui disparaît aussi rapidement qu'il était apparu sans que nous en apprenions davantage. Surtout, c'est un groupe de jeunes filles, pour certaines adolescentes, c'est le cas de Béa, qui, d'après au moins ce qui nous est présenté, ignore totalement les premiers émois amoureux. Aucun amoureux en vue, mais une amoureuse, celle de Béa ... Miren.
Qu'en est-il maintenant des personnages féminins ? Commençons par Miren, fille de bonne famille basque, très jeune, enceinte, perdue mais disposant d'atouts - de classe, à l'image du piano qu'elle joue alors que Béa s'escrime sans talent sur la guitare électrique de son père - lui permettant de rebondir facilement dans la vie. C'est à son contact que Béa s'ouvre à l'amour, un amour alors interdit, choquant pour sa mère, pourtant compréhensive, incapable de se révolter mais soutenant sa fille au moins dans son combat pour la légalisation de l'avortement qui surviendra en 1985. La tante de Béa sera victime de cette loi, l'employeuse de Béa et de sa mère, elle, est un soutien indéfectible du franquisme, les amies féministes de Béa, sont faites d'un bloc, sans nuances, sont pourtant bien sympathiques mais leur psychologie guère fouillée.
Un film qui m'est donc apparu très et trop démonstratif, très et trop manichéen, qui lie de façon ambiguë féminisme et amours lesbiennes, dont la réalisation demeure très académique.
La femme serait donc l'avenir de ... la femme ?