Film d'atmosphère, situé en 1977, dans le pays Basque qui vit, comme le reste de l'Espagne un début de post-franquisme hésitant, En bonne compagnie raconte à la fois un combat et une émancipation. Le combat est celui qui est mené pour le droit à l'avortement, l'émancipation est celle d'une jeune fille indépendante qui éprouve pour la première fois, sans doute, des sentiments amoureux. Le film de Silvia Munt recrée avec une certaine sensibilité l'ambiance d'une époque où la dictature est encore bien présente dans certains esprits mais surtout dans les mœurs et les lois. En revanche, ses partis pris narratifs, qui rejettent totalement les hommes, en leur donnant systématiquement le mauvais rôle, nuisent à une histoire qui n'est développée qu'à travers les yeux de son héroïne. Celle-ci, jouée par l'excellente Alícia Falcó, emprunte une voie plutôt classique d'apprentissage, en relation avec une mère qui symbolise la génération précédente, soumise aux diktats du patriarcat. Le sujet de la lutte pour le droit à l'avortement, s'il n'est pas périphérique, pâtit cependant d'une approche trop peu approfondie, surtout si on la compare à celle d'Annie colère, qui, sur un canevas voisin, se révélait bien plus efficace, en mêlant avec davantage de pertinence destins individuels et combat collectif.