Au vu du génie dont a fait preuve Junta Yamaguchi sur une production DIY comme Deux Minutes Plus Tard, on est forcément curieux de le voir s’atteler à une réalisation plus professionnelle, comme ce En Boucle. Trahi par le titre français, il ne déroge pas à son thème temporel et s’amuse à piéger les résidents d’une auberge de montagne dans une réitération des deux mêmes minutes, éternellement. Accompagné de sa fidèle troupe d’acteurs, et d’une belle captation numérique du paysage japonais pittoresque, il s’engage ainsi dans une quarantaine de plans-séquence (réellement 2min au montage), débutant toujours du même point et se déroulant ensuite en une course frénétique contre la montre. S'il aime se faire du mal à synchroniser les événements, ce procédé permet de garder un dynamisme fou et d'explorer une multitude de pistes. Les hôtes et invités pris au piège conservent en effet leur conscience, ainsi que l'épuisement, et sont parfois bloqués dans des situations incongrues (douche, assiette qui se re-remplit, couloir interminable,...) avant d'être alertés. On retrouve cette mise en scène théâtrale de la comédie, ainsi que cette orientation sur les conflits personnels qui permet de creuser la dramaturgie. Toutefois, la conclusion est surprenante, extravagante mais courageuse, à l'image de cette bonne humeur et frivolité japonaises qui se dégagent sans cesse des films de Yamaguchi.