Contrairement à beaucoup de gens ici, j'ai vraiment aimé ce film dont je viens de finir le visionnage. A la fois amer et doux, En cas de malheur relate l'histoire d'une naïve jeune femme jouant les ingénues, aussi impudique qu'elle est fauchée et malheureuse, qui se retrouve confrontée à la justice, a pour avocat un certain M.Gobilleau (l'incroyable Jean Gabin), qui la prend dans ses filets... et se prend d'amour pour elle. Naîtra alors une romance, compliquée par les situations respectives des deux protagonistes, l'un marié, l'autre flânant malgré elle à droite à gauche et fréquentant régulièrement un ténébreux jeune homme ne supportant pas cette double liaison. Tirée d'affaire puis épaulée et entretenue par ledit avocat, Yvette Maudet n'en fait qu'à sa tête et continue de minauder jusqu'au bout... quitte à le payer très cher.
Contrairement à ce qui est exprimé par mes confrères et consoeurs ici j'ai trouvé les dialogues très bons et convaincants, le casting réussi et les acteurs excellents (même si j'ai l'impression que Brigitte patauge un peu au début : une sorte de pimbêche naïve et stéréotypée qui met du temps à vraiment prendre ses aises...). Jean Gabin est vraiment superbe, Edwige Feuillère tout aussi convaincante et le reste des personnages est dans les diverses situations à la fois touchant et juste. Il y a quelques longueurs c'est vrai mais l'intrigue est prenante et m'a personnellement émue, m'étant naïvement attachée aux protagonistes et à leurs aventures... Un drame à ciel et à cœur ouvert, la vie avec ses aléas et ses cruautés, ses ultimes provocations et les complications qu'amène irrémédiablement le goût du risque.
Mention spéciale à un certain avant-gardisme de ce film, qui dans le contexte des années cinquante, peut être vu comme une ode à l'amour libre (le dialogue qu'entretient lors d'une soirée Yvette avec le jeune homme au sujet du mariage est très univoque !), à l'émancipation individuelle, à la rédemption, et à l'espoir, même si entre nous, celui-ci finit quelque peu déchu... (peut-être à cause d'un certain paternalisme justement, Brigitte incarnant une liberté trop chère payée aux yeux de ceux pour lesquels elle est intolérable...?)