Il fut un temps où l'idée d'aller à un spectacle de danse, qu'il s'agisse de la danse classique ou de danses plus contemporaines ne me serait pas venue à l'esprit et pour tout dire me paraissait même totalement saugrenue. Non pas que je sois insensible à cette forme d'expression, mais elle m'était totalement étrangère.
Mon oreille s'est dressée et mon œil a frisé en 1981 quand a été porté sur les écrans Les uns et les autres de Claude Lelouch. Le danseur et chorégraphe argentin dansant sur le Boléro de Ravel sur la plateforme de l'Arc de triomphe a sans doute été le premier temps fort de ma rencontre avec la danse. Plus tard, une amie m'a entraîné dans un théâtre municipal qui alternait représentations théâtrales, concerts et spectacles de danse en permettant des combinaisons diverses dans les abonnements proposés.
Marie Claude Pietragalla, puis l'américaine Carolyn Carlson, nommée à la direction du Centre chorégraphique national Roubaix-Nord-Pas-de-Calais feront le reste.
Dans En corps, Cédric Klapisch filme la grâce des corps et la beauté de l'âme. Il contribue par son film à notre réarmement moral.
Dix sur dix avec un cœur palpitant était ma notation sur Sens critique pour En corps de Cédric Klapisch. Tout frémissant d'enthousiasme, je m étais précipité hier pour donner mon avis sur le film et, les yeux encore dans les étoiles, je n'ai pas tout dit, pas tout le bien que j'en pense.
Si Cédric Klapisch filme visiblement avec bonheur les danseurs, c'est-à-dire avec plaisir et avec talent. Il rend, ce faisant, un magnifique hommage, à la danse et nous invite également à une leçon de philosophie, à travers la résilience et la renaissance d'Elise / Marion Barbeau et les mots de Josiane/ Muriel Robin.
Elise est une danseuse talentueuse et pleine de promesses depuis l'enfance. Une malencontreuse fracture de la malléole l'immobilise et fait planer une terrible menace sur elle. Peut-être ne pourra-t-elle plus jamais reprendre la danse.
A la leçon de philosophie, Cédric Klapisch ajoute une leçon de cinéma. Plus que jamais les seconds rôles, interprétés par Denis Podalydès/ père d'Elise, Muriel Robin/ amie des arts, François Civil / son ostéopathe et Mehdi Baki pour qui son cœur bat, portent dans leurs paumes brûlantes celle qui renaîtra et reprendra la danse dans la troupe du chorégraphe et compositeur israélien Hofesh Shechter. Plus que jamais les seconds rôles (re)donnent corps au rôle premier comme des bras tendus qui porteraient Elise vers le ciel.
J'ai envie de vous dire que je vous recommande chaudement d'aller voir ce film. Le réarmement moral ne marche pas à tous les coups, mais en l'occurrence, il a marché pour moi, il n'y a donc aucune raison qu'il en soit autrement pour vous.