A combien de films en est-il déjà l’ami Klapisch ?
…Quatorze ?!
Ah bah comme quoi ça commence à se sentir hein… Parce que bon, difficile d’affirmer qu’avec cet En corps j’ai été surpris par le cinéma du bon Cédric…
…Et franchement, dire ça, ça relève vraiment du bel euphémisme.
Mettre En corps à côté de Deux moi, c’est un petit peu comme mettre Deux moi à côté de Ce qui nous lie. Ça ressemble beaucoup à un jeu des sept différences. On change quelques acteurs et quelques décors mais l’essentiel reste à sa place. Toujours les mêmes préoccupations, les vagues-à-l’âme, les semi-dépressions de jeunes gens choupis qui vivent pourtant dans le monde heureux d’une bourgeoisie à la cool.
La danse remplace la vigne, Marion Barbeau remplace Ana Girardot, mais tout le reste est bien là : de François Civil à Pio Marmai ; de l’art de bien-vivre de ses privilèges matériels à l’allégresse d’un cosmopolitisme heureux ; des amours de jeunesse qui peinent à se tisser aux problèmes de communication père / enfant.
Encore et toujours, voilà qu’ En corps nous ressert du Cédric désespérément Klapisch… Et cela avec toutes les mimiques que ça implique : des génériques clipesques à la playlist toujours trop abondante, des verbiages parfois un peu trop surécrits aux situations comiques trop connues pour ne pas agacer parfois…
Seulement voilà, même si l’effet d’accumulation a considérablement érodé mon intérêt pour cette énième itération de boboteries klapischesques, je me dois bien de reconnaitre que l’auteur parvient toujours à m’avoir sur ce qui fait aussi ses forces.
Parce qu’il a un véritable amour des acteurs et parce qu’il n’est pas trop manchot en écriture, l’ami Cédric parvient toujours à nous fournir quelques scènes efficaces et enlevées à travers lesquelles il devient progressivement possible d’envisager de l’empathie pour ses personnages.
A ce petit jeu-là d’ailleurs, Muriel Robin est clairement celle qui apporte sa note de fraicheur au film, suivie de près par un duo Pio Marmai / Souheila Yacoub qui offre à l'écran une bonne alchimie.
Idem, difficile de retirer à l’auteur cette capacité qu’il a de faire de ses propres préoccupations nombrilistes de vrais moments de partage. Et si d’un côté ça fait un peu « Cédric Klapisch t’explique la vie », de l’autre on sent aussi que ça touche chez lui une corde sensible et que ça vibre en conséquence d’une certaine vérité.
Aussi, au moment de faire le bilan, difficile pour moi de me positionner à l’égard de cet En corps.
Trop semblable à ses prédécesseurs, trop manifeste voire balourd dans ses intentions, trop carte-postale bobo… Mais d’un autre côté ça reste du Klapisch. Ça reste maitrisé, généreux et – même si ce terme veut souvent un peu tout et rien dire – ça reste aussi sincère.
Alors suis-je pour ou bien suis-je contre ?
Un peu des deux mon capitaine…
…Et même bien au contraire.