épisode filler
Je suis, moi aussi, allé communier à la grand-messe du cinéma et je me dis que c'est pas possible... Il faut interdire James Cameron d'approcher de près ou de loin d'un outil scripteur (quel qu'il...
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le 20 déc. 2022
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Avatar premier du nom c'était il y a treize ans et c'était... passable.
On nous l'avait vendu comme l'événement cinématographique, la révolution technique, la renaissance du cinéma en 3D relief, mais passée la campagne publicitaire à grandes jetées de poudre de perlimpinpin ne restait derrière tout ça qu'un simple film d'aventure lambda pouvant éventuellement distraire mais sans casser trois pattes à un canard bleu.
Treize ans plus tard, difficile de ne pas savoir.
C'est même un peu risible de voir comment la Fox agite son HFR tel un colifichet de sorcier-chamane en espérant que cela saura attirer magiquement les foules pour remplir ses paniers percés. Mais comment être encore dupe ?
Même avec les meilleures dispositions du monde, j'ai du mal à voir comment on pourrait percevoir cette suite d' Avatar autrement que comme une simple soupe sans saveur ; un spectacle touristique au sein d'un parc Nausicaa futuroscopique qui s'efforcerait pendant plus de trois heures de générer l'émerveillement...
...Mais en vain.
Alors d'accord : sur les premières minutes il n'est certes pas désagréable d'observer la fluidité des animations de cet Avatar nouvelle mouture. Mais quiconque a déjà eu une Playstation 5 entre les mains sera vite acclimaté, surtout quand on considère le fait que certains effets visuels sont vraiment loin d'être convaincants (je pense notamment à l'attaque du train ou au décollage des poissons volants... Les initiés comprendront...)
Alors vu comment ça pique déjà aujourd'hui au moment de sa sortie en 2022, qu'en sera-t-il demain quand on reverra ce film cinq ou dix ans plus tard ?
Parce qu'une fois passé l'effet de surprise technique que nous reste-t-il dans l'assiette ?
Il ne reste que de l' Avatar réchauffé au bain-marie et c'est bien là le problème.
C'est bien simple ce film n'a rien à dire ni à proposer de neuf par rapport au premier opus, et dire ça c'est en dire beaucoup sur le calvaire offert à des spectateurs qui, comme moi, ont déjà été initialement peu convaincus par le premier opus.
En gros, les seules ficelles sur lesquelles semblent tenir cette Voie de l'eau c'est un simple changement de décor et l'avènement de personnages bonus.
Côté décor on troque la forêt pour la mer (enfin, il sera nécessaire d'attendre 50 minutes de film pour voir ce changement s'opérer, tout de même !) et côté perso il faudra simplement se contenter de la progéniture des uns et des autres ainsi que de quelques Na'vis aquatiques.
Pour le reste c'est du pareil au même : y'a les gentils Navis d'un côté, les méchants Humains de l'autre.
Les Na'vis sont vraiment gentils. Les Humains sont vraiment méchants.
Quand les méchants Humains font du mal aux gentils Na'vis la musique nous dit à quel point il faut être triste et quand les Na'vis reprennent enfin le dessus la musique nous explique que, là par contre, il faut reprendre espoir...
Ce film en dit quand même long sur ce que la Fox et Cameron pensent aujourd'hui du grand spectacle pour les masses. Tous les stéréotypes les plus usés sont enfilés comme des perles, l'écriture explicite tout quand bien même les enjeux sont-ils pauvres, limpides et attendus. L'intrigue quand à elle est diluée en moments tous les plus gênants les uns que les autres tant ils sont dépourvus d'intelligence, de personnalité et de propos.
C'est qu'il ne faudrait pas oublier que les gens sont venus avant tout pour voir des bestioles qui couinent et qui donnent l'illusion de sortir de l'écran hein, alors étalons-nous. Vautrons-nous. Diluons et diluons encore, quitte à ce qu'à la fin on en vienne à diluer de l'eau avec de l'eau.
Il semble tellement espéré que le public s'extasie sur les rendus de cette eau et de cette faune synthétiques qu'on en oublierait presque qu'on pourrait obtenir les mêmes rendus en plongeant simplement une vraie caméra dans un vrai fond marin...
...Et ensuite ça prétend nous donner des leçons d'écologie. Peut-être même des leçons de « nouveau » cinéma. Bah voyons, et puis quoi encore...
Rien ne surprend. Tout est téléguidé. Le film ne fait même pas l'effort d'essayer de nous prendre au dépourvu ou à revers. Avatar 2 est une longue balade en barque paisible qui émerveillera peut être les grands et les petits enfants mais qui endormira les adultes venus les accompagner.
Quiconque a déjà vu un reportage sur le monde aquatique aura de quoi relativiser (mais sans le dénigrer pour autant, entendons nous bien) le caractère époustouflant de l'interminable spectacle visuel ici proposé.
Et après celui-là on ose nous en annoncer encore trois ?
Je n'ai même pas réussi à tenir au bout de celui-là. Alors qu'est-ce qui nous attend pour la suite ?
Jake visite le désert ? Jake visite les montagnes enneigées ? Jake visite Adventure Land ? Frontierland ?
Jake saura-t-il tenir son rôle de père jusqu'au bout ? Être un bon pater familias comme il a su devenir bon chef de guerre ?
Pitié abattez-moi.
Si c'est ça l'avenir du cinéma à grand spectacle, envoyez quelques tsar bombas sur Pandora et qu'on en finisse pour de bon.
En tout cas, Avatar 3, ça se fera clairement sans moi.
Consternant que ce cinéma-là...
Créée
le 14 déc. 2022
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