Klapisch filme la danse en amoureux de cet art, c'est évident. Mais ça donne quoi, la danse filmée par Klapisch ?
Le coeur du film, c'est évidemment la danse. Dire ça frôle la lapalissade, mais il faut bien commencer par ça. Parce que la caméra est ici totalement amoureuse des danseurs, des chorégraphies. De la danse classique, et sans doute plus encore de la danse contemporaine. De la sensualité, de l'exigence physique, de la vie en communauté qu'elle nécessite. Mais attention : pas un gramme de voyeurisme dans tout ça. C'est à la fois très sensuel et très respectueux des corps. Pas de male gaze dans ce film. Rendons-en grâce à Cédric. Les moments de chorégraphie, de répétitions constituent les meilleures scènes. Et je préciserai que, concernant la danse contemporaine, la chorégraphie reste très accessible (il m'est arrivé d'assister à des spectacles complètement ésotériques).
Et c'est là qu'est le hic : il me semble que Klapisch s'est d'abord dit "je veux faire un film sur le milieu de la danse, je veux filmer la danse". Et ensuite, il s'est dit "bon qu'est-ce que je peux bien broder comme scénario pour mettre la danse au coeur de mon film. Allez, je reconnais que la quête identitaire de l'interprête danseuse principale suscite l'intérêt, de même que son impossible guérison. Mais on sent bien que l'histoire a été plaquée autour de l'objet filmique majeur du réalisateur.
Rajoutons-en une couche : il y a une tripotée d'acteurs reconnus, Marmaï, Civil, Robin, Podalydès. On a l'impression qu'il fallait ça pour réunir le budget. Mais c'est presque plaquer des seconds rôles pour faire le nombre. Ce n'est pas inintéressant, ils ont tous un intérêt. Mais ça sent la rustine. On rajoute ça, ça, et ça. Alors que ce n'est pas toujours fondamental dans le récit. Le personnage de Muriel Robin (pas l'actrice) est même un poil caricatural.
Mais c'est Klapisch et sa bienveillance, c'est l'amour de la danse, c'est un bon moment.