Vous vous rappelez de The Meg ? Ce film de requin sans une goutte de sang à l'écran qui nous montrait Jason Statham aller se taper avec un mégalodon juste avec sa bite et son couteau ?
Non ? Dommage, Hollywood s'en fout !
The Meg 2 est la suite classique selon le saint patron américain : Toujours plus gros. Ça tombe bien, avec des requins géants c'est littéralement la taille qui compte. Malgré tout, le film cherche à tout prix à éviter la redite avec le premier film, et va donc pour ça piocher dans le registre du film d'aventure tel que cristallisé par Jurassic Park il y a 30 ans. Choisissez votre cliché préféré : Le héros qui doit gérer sa paternité avec une fille trop intelligente pour son âge, l'oncle milliardaire un brin excentrique, une taupe (qu'on grille à 100km), la vision basée sur le mouvement/la lumière, des méchants capitalistes qui veulent faire plein de pognon, un propos pseudo-écolo avec la lubie de Jurassic World "On peut vivre en harmonie avec ces grosses bêbêtes carnivores de 3 tonnes qui bouffent des gens sans remords", une attaque de méchantes bêbêtes terrestres carnivores qui sont des raptors de Wish,... On n'a plus un Meg, on en a 4, on ajoute en plus une pieuvre géante qui nous offre un pseudo-combat de kaiju qui cite Mega Shark vs. Giant Octopus,... Bref, on ingère tout le cinéma de divertissement américain de ces trente dernières années, on le digère à peine, on dégueule parce qu'on a agrémenté le repas d'une bouteille de tequila engloutie cul-sec et on récupère les morceaux éparpillés au sol pour essayer de faire une sculpture potable avec.
Et je dois dire que ça fonctionne à peu près. Car le film est bourré à raz-bord d'incohérences débiles, il ignore les règles élémentaires de répartition espace-temps, pour rester familial il n'a pas une goutte de sang au point où ça devient ridicule, mais a la politesse d'enchainer les séquences d'action sans tirer inutilement la corde du pathos en guise de transitions. Ça fait que le rythme du film est soutenu, certes à marche forcée, mais permet de ne pas provoquer des crises de bâillements chez le spectateur. Tout va toujours trop vite, tout a l'air fouillis en permanence, l'introduction a l'air de sortir d'un autre film de Jason Statham tant elle n'a rien à voir avec le reste du scénario. Et les méchants sont nuls ! Débiles ! Ils sont clichés au possible, mais ont au moins l'honnêteté de l'admettre. Je veux dire, il y a littéralement une scène où la grande méchante explique son plan diabolique aux héros et dit presque mot à mot "Je m'en fous de l'écologie, je veux juste faire du pognon !". Soit le meilleur résumé possible de tous les méchants de films d'action génériques de ces 30 dernières années, appliqué ici comme s'il avait été écrit par un bot. La sculpture de grumeaux, souvenez-vous.
Mais pour moi, cette scène précise nous donne la clé du métrage. Oui il est débile, oui il n'a aucun scénario, aucun personnage (Statham ne joue jamais que lui-même), il est désincarné mais il veut juste qu'on passe un bon moment. Et d'accord, ça n'est pas un film bien terrible (je suis content d'avoir le Cinépass...), les effets spéciaux sont moches 75% du temps, mais au moins ça nous évite de penser à la mort pendant deux petites heures. Le film ne cède jamais à la tentation de l'humour méta insupportable à la Marvel pour éviter d'assumer son histoire. Non : The Meg assume. Il est bête, il le sait mais il va quand même y aller. Ça donne au film un certain panache dans sa défaite.
Et avouons-le, voir Jason Statham faire des bêtises ça fait toujours plaisir, même quand c'est nul.
Donc The Meg 2, c'est nul mais c'est bien et c'est bien parce que c'est nul.