Moi aussi je t'emmerde, Sony

Le magnifique Spider(less)verse de Sony.

Un univers cinématographique de super-héros à part, basé sur une idée absolument géniale : Faire des films sur des personnages secondaires de l'univers de Spider-Man... Sans Spider-Man.

Genre Venom, par exemple, dont l'origine dans les comics repose entièrement sur Spider-Man.

"Mais Arkeniax, comment est-ce qu'un tel concept peut donner à l'arrivée des bons films si l'élément le plus important n'est jamais présent ?"

Très bonne question. Dont Sony aurait besoin en urgence de la réponse parce que ça commence à devenir embarrassant...

Parce que bon, Venom 1 était une merde fumante se concluant par une orgie de pixels qui s'enculent; Venom 2 était pire mais avait la politesse d'avoir des CGI qui n'agressaient pas sexuellement mes yeux sans leur proposer un café avant; Morbius réussissait l'exploit d'être un film de vampire sans la moindre goutte de sang à l'écran, prouesse dont les plus grands spécialistes peinent à comprendre la méthode ou même les motivations.

Et Madame Web... Madame Web.

Madame Web, c'est un peu un best-of des pires travers des films Marvel de Sony. Le pinacle absolu de la nullité cristallisé en 2h, quelques morceaux de Britney Spears et Dakota Johnson.

Qu'on se comprenne bien, moi j'aime bien Dakota Johnson, notamment pour le remake de Suspiria (et je vous emmerde), mais je soupçonne très sérieusement ses agents de lui vouloir du mal.

Car Madame Web, c'est déjà et avant tout un scénario d'une débilité profonde qui a soit été volontairement saboté, soit écrit un canon sur la tempe. Je refuse de croire qu'une histoire pareille ait pu être écrite par des gens en pleine possession de leurs moyens et je demande officiellement qu'une enquête fédérale soit ouverte concernant les conditions de travail chez Sony.

L'introduction suit le même principe que celle de Venom 1, à savoir nous poser très tôt les enjeux de l'intrigue, mais arrive ici à faire encore pire. Car dans Venom 1, une fois que nous spectateurs comprenions qu'il était question de symbiotes et de méchante corporation, notre héros mettait bien 30 minutes à lui-même comprendre l'intrigue et à obtenir Venom.

C'était déjà une aberration d'écriture et d'absence de rythme, mais Madame Web fait encore pire puisqu'en 5min, le spectateur connait les enjeux de l'histoire et les origines de l'héroïne, mais celle-ci passera les 1h15 qui suivent à essayer de découvrir les mêmes informations. On a littéralement des personnages qui passent une moitié de film à essayer de comprendre ce qu'ils foutent dans ce putain de film ! Et ça n'a aucun sens que ça dure aussi longtemps : Il n'y a aucun retournement de situation, aucun twist autour des origines qu'on a posées, c'est juste un film écrit n'importe comment qui va nous répéter environ 20 fois de suite les mêmes pans de scénario, ce qui donne l'impression que Madame Web est un gigantesque surplace qui n'a aucune envie de nous raconter quoi que ce soit. Vous reshootez vos films avec quoi, Sony ? Une scie sauteuse rouillée ?

Tout ça n'est bien sûr pas aidé par les dialogues, où pour le coup les scénaristes ont été inventifs puisqu'ils ont tenté d'écrire la moindre réplique dans le langage secret du dialogue d'exposition. A chaque fois qu'une des protégées de l'héroïne parle, c'est pour faire de l'exposition; lorsque quelqu'un a une émotion ou une introspection, il le dit à voix haute; littéralement la première réplique du méchant est un grand monologue où il explique ses origines, sa personnalité et son arc de personnage sans aucune raison !

Les personnages n'ont aucune épaisseur. Cassandra Web change environ 5 fois de personnalité pendant l'histoire, les trois filles n'arrivent même pas à être des clichés vu qu'elles n'ont aucune personnalité et qu'elles ne servent à rien à part à être les victimes pourchassées, et Ezekiel n'a aucune sorte de profondeur et ferait presque passer Woody Harrelson de Venom 2 pour un antagoniste de Game of Thrones.

Je n'ai pas regardé Euphoria parce que j'ai dépassé les 16 ans, mais Sidney Sweeney devrait clairement faire attention à ses choix de carrière...

Mais bon, après, si les scènes d'action sont bonnes, ça rattrape un peu le coup, non ?

On est chez Sony, les gars, oubliez l'idée de vous amuser...

Il n'y a aucune scène d'action dans ce film car il n'y a jamais de super-héros à l'écran. Jamais. Ce ne sont que des courses-poursuites pas palpitantes, qui dans l'idée pourraient être pas mal car c'est un méchant avec des pouvoirs arachnéens contre 4 femmes sans pouvoirs, mais le film n'exploite jamais ce rapport de force asymétrique. D'ailleurs c'est pratique que les pouvoirs du méchant suivent la logique des besoins scénaristiques, comme son venin, qui est une arme ultra-dangereuse dans une seule scène mais ne menacera jamais nos protagonistes.

On relèvera quand même, malgré tout, que la réalisatrice a fait un petit peu d'efforts en ce qui concerne la mise en scène de son méchant. C'est très furtif, mais il y a quelques plans qui essayent d'épouser les déplacements d'araignées d'Ezekiel, qui rappellent les Spider-Man de Sam Raimi et c'est pas mal. Juste dommage que ça dure moins de 3 secondes à chaque fois et que ce se soient que quelques plans perdus au milieu d'un filmage d'une banalité digne d'un épisode de série télé. Et vu le CV de la réalisatrice, c'est aussi peu surprenant que l'échec financier d'Argylle.

Et ce qui achève le tout, ce sont les clins-d’œil ultra-lourds à Spider-Man. Parce que oui, l'histoire se passe en 2003 (le méchant est censé avoir la trentaine en 1973, donc la soixantaine en 2003 mais il n'a pas du tout l'air d'avoir vieilli...) et Ben Parker fait partie des personnages secondaires. Un petit clin-d’œil sympa, vous me direz, mais non !

Parce qu'après ça, on nous parle de May (qu'on ne verra jamais à l'écran parce ta gueule), on nous montre la mère de Peter enceinte, on nous crée un faux suspense pour enfants trépanés autour du prénom de l'enfant, on appuie bien sur le fait que la maman va bientôt accoucher et c'est d'ailleurs un semi-enjeu lors du climax, et à la fin on nous rappelle bien que Ben est devenu O.N.C.L.E et que c'est une G.R.A.N.D.E.R.E.S.P.O.N.S.A.B.I.L.I.T.E !

Vous l'avez, vous l'avez ???

Putain, mais à ce niveau-là c'est à se demander si Sony ne se fout pas ouvertement et cyniquement de la gueule des fans de l'Homme-Araignée en n'arrêtant pas de tourner autour du pot sans jamais l'inclure dans leur délire de Spiderverse à la mords-moi-le-nœud !

A une époque, la volonté de Sony était à peu près claire : Faire un film Sinister Six en faisant une série de films mettant en scène des vilains connus du Tisseur. Sauf que Venom 2, sauf que Spider-Man No Way Home, et cette chiure audiovisuelle a convaincu les décideurs que l'avenir, c'était finalement le Multivers du MCU. On a donc eu le Vautour de Homecoming dans le même monde que Morbius et Venom, sauf que Morbius étant Morbius, ça a foiré.

Donc qu'est-ce qui leur reste s'ils n'ont plus les droits pour mettre en scène Spider-Man ? Eh bien tous les autres Spider-machins. C'est comme ça que le film nous fait un teasing complètement lunaire qui essaye de nous vendre une future équipe de Spider-Women, ou peut-être un mini univers partagé entre toutes les quatre ? Alors que les gens n'en ont rien à taper des personnages secondaires de l'univers de Spider-Man, voudraient juste des bons films et la certitude que les gros studios hollywoodiens ont encore le plein contrôle de ces univers étendus au-delà de tout bon sens et ne sont pas en train de galérer pour maintenir en vie cette carcasse éventrée qu'est le genre du super-héros au cinéma ?

C'est ça, l'avenir ? Des univers cinématographiques déjà bien bancales qui partent dans tous les sens avec des ramifications qui n'ont plus le moindre sens ? Une saga du Multivers alors que Disney n'a aucune idée de quoi faire du concept de multivers et n'arrêtent pas de faire des films qui ne l'exploitent pas et des séries qui s'orientent vers des personnages urbains, soit l'inverse du Multivers ?

Est-ce que l'avenir, c'est un Spider(less)verse qui continue de nous prendre pour des cons et de nous appâter avec des miettes de Spider-Man, en jouant purement sur les espoirs des fans et sans jamais leur donner ce qu'ils veulent comme d'habitude ?

Personnellement, j'ai vu ce que le passé a fait au cinéma de super-héros. C'était douloureux, ça n'a apporté que du mal. Mais j'ai appris que le futur, lui, n'est jamais écrit à l'avance. (Voilà, ça c'était le niveau d'une réplique de Madame Web, de rien.)

Donc n'allez pas voir ce film, n'allez pas voir Kraven et Venom 3, laissez Sony et son Spider(less)verse crever dans leur merde. Ils ne méritent que ça et peut-être que ça nous sauvera de futurs films pourris...

Fun Fact : Madame Web contient plus de sang à l'écran que Morbius.

Madame Web a plus de sang qu'un putain de film de vampires.

Une œuvre d'art.