En fanfare est à proprement dit une comédie dramatique. La rencontre des demis-frères Jimmy et Thibaut se fait précisément sur le problème de santé du mieux « lotti » des deux. Ce qui est intéressant dans leurs histoires qui se sont rejointes, c’est ce même goût pour la musique qu’ils ont cultivé dans des sphères sociales aux antipodes mais aussi leurs façons de s’être façonnés dans leurs familles d’adoption. La greffe qu’ils opèrent en confrontant leurs environnements, leurs proches, leurs façons d’appréhender la vie se faisant non sans maux, ils accèdent progressivement à une « fraternité » constructive et porteuse. Toute la beauté du film est ici et avec leur duo improbable, Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin n’ont qu’à suivre la partition de leurs personnages pour faire ressortir les dissonances malgré l’envie d’une unité familiale plus accomplie, moins compliquée. Le réalisateur, Emmanuel Courcol a aussi eu l’intelligence de ne pas instiller de scènes où les deux acteurs avaient cette occasion de tirer la couverture à leur profit. Dans En fanfare, le registre change aussi énormément du rire aux émotions, avec un climat social contrarié dans une usine en liquidation et des gens perdant leurs travails et même leur loisir ( pour un maire préférant la country et n’attendant qu’un prétexte pour l’imposer à sa communauté). Plusieurs focales assez rares dans une « comédie » française où l’idée générale prime souvent plus que des à-côté anecdotiques. Ici, l’assemblage même du film tient dans ses différents points de vue au service d’une cohérence globale. Ce qui plaît aussi dans cette histoire, c’est qu’elle ne demande pas une adhésion à son spectateur, simplement de voir l’humain dans ce qu’il a de plus sincère malgré les moments lumineux,d’abattement ou de concorde ( comme cet orchestre amateur pouvant passer d’un flot de mauvaises notes à un début d’harmonie). L’épilogue, à l’image d’un concert, a droit à son final. Et celui-ci est bouleversant, vous arrachant des larmes, car l’hommage de la communauté pour Thibaut( sachant pertinemment où sa santé en est) ayant soutenu Jimmy ou d’autres individus veut célébrer la vie malgré l’inexorable vérité. Allez voir En fanfare si vous êtes ouverts à l’impermanence de la vie sans attente d’une happy end et acceptez d’être remués de temps en temps.Autrement, je vous conseille des films nettement plus calibrés et moins surprenants.