Avec son précédent film 5ème Set, Quentin Reynaud nous prouvait l’efficacité de son style. Une mise en scène sachant allier de belles images et un suspens maintenu tout du long. 5ème Set est en tout point un bon film sur le tennis, un sport trop peu représenté au cinéma. C’était d’autant plus rafraîchissant qu’il s’agissait là du deuxième film de Reynaud, on était donc en droit d’attendre avec impatience sa prochaine création.
En Plein Feu part d’un postulat intéressant et qui résonne avec l’actualité environnementale. Durant la sécheresse estivale, un incendie de forêt force tout un village à être évacué. Mais devant l’intensité des flammes, la panique fait rage. Un père (André Dussollier) et son fils (Alex Lutz) se retrouvent bloqués dans leur voiture et vont devoir agir judicieusement pour survivre.
Il s’agit là d’un film d’urgence. L’action est condensée en une journée et l’économie de péripéties fait que l’ensemble repose sur l’interprétation de Dussollier et Lutz ainsi que la mise en scène de Reynaud. Toute la première partie repose sur un huis-clôt routier où un père et un fils voient les braises puis les flammes gagner du terrain sans qu’ils puissent agir. Un étau de plus en plus insoutenable, renforcé par une température exponentielle et les indications de plus en plus incohérentes de la radio. Heureusement, il y avait la climatisation dans la salle de cinéma.
Il y a en plus de cela, une brillante utilisation de l’environnement et des teintes de couleurs. On est soulagé lorsqu'à travers les masses fumées noires, un rayon de soleil illumine le cadre. De la même manière, la dominance de rouge et de noir offre à l’ensemble, une vision des enfers apocalyptiques. Les deux personnages sont dans une solitude totale et les solutions se font de plus en plus rares. En Plein Feu est donc un film qui fonctionne !
Du moins… dans sa première moitié.
Car aussi intéressant est le postulat de base, En Plein Feu manque de rebondissement. Quand bien même, Reynaud intègre à son récit, un arc de rédemption familial pour le personnage de Lutz, le film manque cruellement de saveur dans sa dernière partie et perd de sa superbe pour ennuyer encore un peu plus jusqu’à un final peu inspiré. C’est décevant car le film aurait pu gagner en rythme avec l’utilisation de flash-back mais ils sont peu pertinents et étrangement insérés au montage. Ajoutez à cela quelques éléments fantastiques incongrus qui cassent l’immersion et on se retrouve avec un climax assez décevant.
Dommage. Car la complicité entre Dussollier et Lutz ainsi que les quarante premières minutes de film méritent toutefois le coup d’œil. Quant au montage et à la photographie, même si cela s’essouffle vers la fin, on apprécie l’ambition et la singularité d’un tel long-métrage. Il parvient tout de même à nous faire craindre le prochain été.