Il y a une époque où je ne supportais pas Will Ferrell, et maintenant je regarde son dernier film sorti aux USA, qui n'a pas une moyenne terrible sur SensCritique. Mais peu m'importait, le trailer m'avait amusé, et j'aimais bien l'idée de départ : Ferrell joue un millionnaire qui va se retrouver en prison pour détournement d'argent, et il ne lui reste que 30 jours de liberté. Il cherche à s'endurcir pour survivre derrière les barreaux, et fait appel à un de ses employés, joué par Kevin Hart. Il va lui apprendre la vie en prison... alors qu'en réalité, il n'y a jamais mis les pieds. D’ailleurs j'ai apprécié que le personnage de Hart soit pris pour un cliché, juste en raison de sa couleur de peau, sans être un cliché. Il vit dans un quartier mal famé mais est un simple père de famille, qui s'inquiète pour sa fille et a besoin d’argent pour déménager.
(bon, en revanche, dans son jeu, il en revient parfois au cliché du black de service)
Par contre, le traitement de l’histoire laisse à désirer.
Les gags sont assez faciles, on a par exemple droit à Ferrell qui se met nu à sa fenêtre devant ses employés… et on nous refait le coup quand il couche avec sa fiancée. Il y a ce passage où Hart sautille pour parler à un type plus grand… pitié… c’est des gags de gamins, ça.
On ne nous épargne pas tout un tas de blagues sur l’expression "get hard", et ce jusqu’à la toute fin. Oui, c’est bon, on a compris !
La plupart des gags ne sont pas drôles, le jeu d’acteur est plutôt lourd, et il y a beaucoup de scènes qui deviennent ennuyeuses voire gênantes car elles s’éternisent. La séquence où Hart imite différents types de prisonniers, c’est sympa au début, mais ça dure trop longtemps et ça devient lassant. Et là, c’est un cas où l’idée de départ me faisait rire…
Ferrell est adepte de l’improvisation, mais dans des films comme les Anchorman, on ne garde qu’un bout de sa prestation pour donner des scènes qui concentrent les meilleurs morceaux. Dans Get hard, on dirait qu’ils ont tout gardé. Faut voir le passage où Ferrell balance tout un tas d’insultes, on en laisse plus qu’il n’en faut, et on voit Kevin Hart sortir plusieurs phrases qui auraient pu conclure la conversation. Il dit "ok, c’est bon, j’ai compris"… mais la séquence continue !
Les gags qui m’ont amusé se comptent sur les doigts de la main, et heureusement Will Ferrell sauve un peu certaines scènes. Et je pensais arrêter le film au bout d’une heure, mais l’envie de le voir en gangsta m’a fait rester… et je suis allé jusqu’au bout finalement.
Je n’ai pas du tout aimé la réalisation non plus. En général, les comédies US comme celle-ci ont une mise en scène très transparente, mais celle de Get hard se remarque par ses défauts. Par exemple, dans la scène où Ferrell apprend sa promotion dans le bureau de son patron, on ne voit pas qu’il a une autre personne dans la pièce avant qu’on ne lui demande de partir. Et ce n’est pas voulu, ça n’est pas présenté comme un gag.
Je n’ai pas aimé non plus la série d’ellipses quand le héros est condamné, les répliques sont prononcées et enchaînées à toute vitesse, les personnages passant même d’un sujet à un autre complètement différent, c’est très irréaliste et là non plus ça n’est pas mis en scène de façon comique, comme ça aurait pu être le cas dans un film d’Edgar Wright, non, on cherche juste à s’attarder le moins possible sur cette portion du scénario.
Je pense qu’il y a aussi un problème d’écriture qui s’ajoute à celui de la réalisation, car à la fin, on a soudain une voix-off qui résume les évènements, sorte de solution de facilité pour raconter ce que le réalisateur n’a pas réussi à faire comprendre à l’image.
Je trouve la musique aussi très mal utilisée, placée n’importe comment. De plus, la BO comprend presque exclusivement des gros tubes de la pop récente, des titres pas terribles qui seront has-been dans quelques années.
Mais ça correspond au film en lui-même, qui est aisément oubliable…