Peut-on dupliquer une réalité ressemblante? Qu'est-ce qu'être égal à quelqu'un d'autre? Le film balaie toutes les questions et hésitations d'une identité qui se cherche.
Le film commence par une soirée privée ouverte à Jake Gyllenhall par une clé mystérieuse. Dans la salle, des hommes autour d'un podium regardent une fille qui se touche devant eux. Il n'y a pas d'excitation sexuelle, simplement des hommes en face de quelque chose qui est plus fort qu'eux, une scène apparemment inconnue à laquelle ils s'exposent pour en percer le sens, comme si leur inconscient venait les narguer en leur montrant de ces réalités fantasmatiques qui leur échapperont toujours. Une fois Jake assis dans la salle, une grande femme à talons hauts avance sur le podium, portant un plateau qu'elle dépose. Elle soulève la cloche, et s'en libère une mygale. La grande femme, filmée à l'échelle de la mygale, avance son pied comme pour l'écraser, mais s'arrête lorsqu'elle est au contact avec elle : emprise et domination de la femme désirée sur la mygale venimeuse. La grande femme est habillée couleur or blanc et est enceinte, en harmonie et presque en double avec le plateau abritant la mygale. Un lien intime est signifié : le danger de la mygale est sous le joux de la grande femme, mais c'est aussi elle qui apporte ce danger. Les deux éléments sont comme enroulés l'un dans l'autre et participent d'un jeu dangereux. Jake assiste à la scène, médusé, comme si il était directement atteint mais sans savoir exactement comment. Le sens lui échappe pour l'instant, mais cette scène symbolique réalisée à ses yeux semble également se réaliser "pour" lui.
Jake -Adam Bell est professeur d'histoire. On le voit donner deux cours identiques à deux classes différentes, ils portent sur le contrôle que les dictatures arrivent à maintenir pour conserver leur emprise sur les gens. Adam insiste sur les dictatures qui maintiennent leur pouvoir grâce au contrôle des populations. Ces mots évoquent déjà la scène d'introduction, où la grande femme dictatrice exerce son contrôle sur la mygale, avec autour des personnes hypnotisés par la scène.
La crainte fascinée de la femme qui porte la cloche se transfère sur l'araignée qui en sort. La femme est à l'instar du dictateur celle qui manipule la peur. Elle porte le danger avec elle (mygale) et en elle (enceinte), mais s'expose ou se représente comme le sauveur dont tout le monde doit dépendre pour ne pas voir le danger leur sauter dessus. Depuis la chaussure au contact de la mygale, l'image remonte pour interroger la femme : en quoi serait-elle liée à la mygale, en quoi serait-elle "comme" elle. La peur se transfère donc sur la grande dame : elle devient suspecte, et on perçoit d'elle des aspects qui semblaient n'appartenir qu'à l'araignée. Une ambivalence entre femme et araignée ressort en tout cas de cette scène symbolique du début.
Seul dans sa voiture en arrivant chez lui, sa mère lui demande comment peut-il vivre "ainsi". Adam semble chercher quelque chose, il est pensif. Le soir, on le voit faire l'amour à une femme (Mélanie Laurent) qui se rhabille tout de suite après l'acte. Dans la salle des profs, un autre professeur se vante de louer encore des vidéos ; il semble vouloir faire la discussion, "peut-être un gay?" se dit Adam (cette allusion sera reprise vers la fin du film, lorsque le portier de l'immeuble entame la discussion avec Adam dans l'ascenseur : "Je ne peux pas m'empêcher de penser à l'autre soir"). Au terme de cet échange, le portier lui lance "When there is a will there is a way". Ces paroles sont significatives pour Adam dont l'attitude est au contraire faite de passivité, de contrôle et d'évitement. C'est aussi le titre du film qu'il lui conseille. Le soir même, Adam est assis à corriger des copies d'histoire. Sa compagne apparaît derrière elle tel un fantôme, pour combler la solitude d'Adam qu'elle devine ou qu'elle espère. Mais Adam préfère visiblement ses copies à la proposition de sa compagne de la rejoindre au lit. A l'issue de sa correction, il s'installe pour regarder le film conseillé par son collègue. Il l'appréhende avec un air dédaigneux, pendant d'avance qu'il n'y trouvera rien de bon. Il éteint l'écran frustré, contrastant la dernière scène du film monopolisée par une grande dame souriante. Il rentre alors dans sa chambre où sa copine est endormie, et après avoir hésité ose quand même la réveiller pour combler sa frustration. L'enchaînement semble encore refléter ce qui s'est passé immédiatement avant : cours sur le contrôle, puis contrôle des copies, puis "when there is a will there is a way", puis Adam prend ce qu'il veut. Alors même qu'il n'a pas consacré une minute d'attention à sa compagne, elle devrait être disposée à se faire réveiller pour devenir sexuellement parlant "le chemin de la volonté d'Adam". Mais elle aussi lui signale l'impasse de son comportement type contrôle passif : elle lui somme d'arrêter et se rhabille immédiatement.
La même nuit, Adam rêve du film. La scène ressemble étrangement à la scène symbolique : des personnages regroupés dans le hall d'un hôtel qui voient débarquer une grande dame à chapeau. Adam vit la scène de très près. Il voit apparaître comme concierge quelqu'un qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Il se réveille brusquement, et va vérifier tout de suite sur son portable, et effectivement : le concierge, "c'est lui", ou en tout cas quelqu'un qui a le même visage que le sien. Un double de lui. Il note les noms des concierges pour retrouver qui a joué le rôle. Cette fois, il arrive en retard au cours et son discours contraste largement avec celui du début sur le contrôle : en citant Hegel, il parle d'une loi du recommencement dont la première occurrence serait tragique et la seconde comique, que les siècles seraient ainsi amenés à être vécus de deux manières différentes. On n'observe donc plus seulement une répétition des faits, mais une étrange mutation ou double de la réalité elle-même une fois tragique, une fois comique. Selon la manière dont les événements sont vécus, la perception de la réalité n'est pas la même. Des éléments qu'on pourrait dire "les mêmes" se transforment donc pourtant selon comment ils sont vus, et la réalité s'en trouve aussi transformée, donnant l'impression de se répéter d'une autre manière. La scène symbolique du début est un réceptacle des changements d'Adam, la perception de ses éléments vont bouger avec son évolution. En effet, l'état d'Adam, les perceptions qu'il a des divers dangers ou problèmes qui l'entourent, sont symbolisés par le rapport femme-mygale. Cette séparation nette entre les deux entités se brouille pourtant par un glissement de perception du type "qui doit se protéger de l'autre?", qui "vient" de l'autre? Le rapport de force entre la femme et la mygale est amenée à évoluer. La scène symbolique est flottante au sens où elle absorbe les changements d'états qui lui arrive à la surface, dont le reflet conserve l'ambivalence de "ce qui peut l'inverser", lui faire changer d'image, lui faire changer la perception d'Adam. Les variations d'état d'Adam se traduiront ainsi dans la scène par des changements au niveau des éléments femme-mygale entre eux, ou au niveau des éléments eux-mêmes, et plus tard au niveau de la frontière scène-réalité.
A la sortie de son cours, il s'empresse d'aller rechercher l'identité de son double acteur. La réalité de son identité est en jeu : qui est cet autre comme moi ? "Ce n'est pas possible que ce soit moi". Le trouble est maximum car Adam a vécu en rêve la scène que l'acteur est sensé avoir joué. D'où le doute identitaire : "est-ce moi qui est joué la scène?", "qui est cet autre qui a joué la scène à ma place?" Le rêve a parfois un degré de vérité qui pousse la réalité ailleurs et la fait voir autrement. Ici il y a coïncidence entre Adam qui rêve -il est donc "présent" dans la scène-, et sa vision en même temps de ce double de lui qui a réellement joué dans le film. La perplexité et l'ironie de la situation sont accentués par son statut de professeur d'histoire, qui tendrait à lui susurrer : "c'est une blague? Il ne peut y avoir deux versions différentes de la réalité". Si il avait été l'acteur, sa scène rêvée aurait pu avoir du sens, et au lieu de s'imaginer la vivre, il aurait pu la vivre réellement. Pour être comprise ou au moins assimilable dans le réel, cette situation le force à songer à une étrange hypothèse miroir : "si j'étais acteur, alors qui est cet autre moi qui a incarné ma réalité objective?". On voit l'identité qui pour se trouver dans l'autre trouve comme issue provisoire de s'échanger directement avec lui, de s'identifier à lui.
Ces questions ne se posent pas aussi clairement dans la tête d'Adam, et l'incohérence objective de la situation ("en vrai je ne suis pas acteur") semble pouvoir se dissiper en rencontrant "cet autre moi". L'envie est guidée par cette première voix qui cherche à fuir sa sentence : "ce n'est pas possible". C'est cette impossibilité pourtant réelle qui rattrapera justement Adam lors de sa première rencontre avec son double (Anthony) : nous sommes les mêmes alors que nous ne sommes pas les mêmes. Anthony a une grosse cicatrice sur le ventre identique à celle d'Adam, signe que la coïncidence physique ne vient pas d'une hypothétique fraternité entre eux. Ce sont purement et simplement des doubles. La situation est d'autant plus troublante : Adam a en quelque sorte vécu (subjectivement en rêve) la scène qu'Anthony n'a fait que jouer. Le personnage qu'Anthony a fait vivre le temps de la scène pourrait donc tout aussi bien être être Adam, mais comme c'est lui qui l'a joué... Ces éléments rendent la réalité d'autant plus "échangeable" : qui peut réclamer la réalité de la scène ? qui peut dire avoir "vraiment vécu" la scène ? L'essentiel est que l'identité est largement perturbée et ne sait plus à qui s'attribuer : dans la tête d'Adam, il y a la menace que l'un des deux n'existe pas et que "ce soit moi", car "ce n'est pas possible d'exister à l'identique en même temps dans le même corps". C'était d'ailleurs la sécurité encore présente dans sa citation d'Hegel : les siècles répétés se répétaient certes, mais dans des temps distincts, ici le pire arrive car les deux réalités tragi-comique se répètent en même temps. Il y a duplication de la réalité. Ce qui trouble dans cette autre réalité identique est qu'elle n'a pas d'origine, pas de "pré-existence" (comme dans la théorie d'Hegel), ou que le rêve d'Adam semble en être la seule origine attribuable. Lorsqu'on suit au début la réalité depuis les yeux d'Adam, le monde nous paraît cohérent car on suppose qu'Adam est né, a vécu, est devenu professeur, etc… Mais ici, la réplique exacte d'Adam, puisqu'elle est exacte, ne peut pas découler d'une évolution naturelle dans le temps. Tout ce qui manque à Anthony pour être un fruit naturel de la vie semble avoir été donné/vécu par Adam, ce en quoi ils se complèteraient l'un l'autre. L'identité d'Adam est donc en prise avec son plus grand problème : être "un seul", confronté aux parties de soi-même.
Les questionnements émergent de toutes les phases de découvertes. Pour se trouver, une identité a besoin de se confronter à elle-même, et ici "elle-même" semble s'être extériorisé sous la forme d'Anthony. C'est en tout cas le défi qu'il trouve devant lui. Adam passe à l'agence d'Anthony, et le concierge le prend pour lui. Malgré ses précautions pour l'éviter, il endosse le rôle, et en se faisant passer pour Anthony, il obtient une enveloppe avec son adresse, et bientôt son numéro de téléphone. Il appelle d'une cabine téléphonique, c'est la femme d'Anthony qui répond. En reconnaissant la voix, elle croît que son mari est au bout du fil et lui fait une blague. Depuis le début de son enquête, Adam ne veut pas qu'on le prenne pour Anthony, mais pour arriver à savoir, il doit aller au contact des lieux de vie d'Anthony là où, fatalement, on le prend pour Anthony. Adam voudrait rester neutre et découvrir la vérité en restant dans cette position sécurisante d'appréhension des choses, légèrement replié sur lui-même et en attente que la réalité se passe devant lui. Mais ce qu'il craint ou l'intrigue lui arrive : il pourrait effectivement prendre la place d'Anthony. Les situations concrètes auxquelles il se confronte (aller à l'agence, appeler au téléphone) ne se contentent pas de générer de la matière à confusion, la matière devient effectivement confuse. C'est ainsi qu'au téléphone la femme d'Anthony croît à une farce, et même après qu'Adam lui ait dit qu'il n'était pas Anthony, la voix identique entre les deux la trouble au plus au point, et elle ne peut pas y croire : l'incompréhension et l'incohérence objective (cognitive) l'affectent elle aussi. La voix identique parle subjectivement à la femme d'Anthony sans aucun doute possible : avec la voix vient Anthony en entier, et pourtant la réalité objective semble aller contre cette évidence car au bout de la ligne, l'homme lui dit qu'il n'est pas Anthony mais "Adam". La voix identique pour elle agit comme le visage identique pour Adam : une aberration de la réalité, qui la rend temporairement impossible et donc suspendue, niée. Ce flottement ou doute sur la réalité objective affecte en retour Adam au téléphone, qui répond en miroir au "Pardon?!". Dans cet espace, il devient Anthony : il pourrait décider de la soulager en lui disant que c'est une blague et qu'il rentre à la maison, que tout va bien. Adam voudrait rester dans la neutralité apparente du professeur d'histoire, conformément aux notions inscrites sur son tableau et associés au mot "Histoire" : vérité, réalité. Mais comme pour contredire cette idée d'identité factuelle fixe et définitive, les situations expérimentées prennent sur elles la part d'identité qui leur revient : elles disent à Adam qu'il se reflète dans les choses, et qu'inversement il est le reflet des choses ; qu'il se distribue dans le monde au moyen de ses perceptions, qui ont donc aussi le pouvoir de lui dire qui il est, par ces phases de "choix" où son identité pourrait virer de bord.
Pendant un instant, il devient entièrement le monde d'Anthony, Adam s'absente, est mis en suspens, et le doute commun au téléphone impulse une autre direction possible pour la réalité. Ce changement de perception affecte le dilemme symbolique femme-mygale. Le monde bouge par les perceptions qui en sont les liants, elles affectent leur correspondant dans la scène symbolique, traductions en temps réel de "où en est le monde d'Adam". Pour l'heure, la femme d'Anthony, qui n'est affectivement pas heureuse avec Anthony, se voit tentée par la possibilité d'un monde manquant représenté par Adam. Mais ce monde dont la cohérence objective est "impossible" est relégué à plus tard, car il l'obligerait à une remise en cause totale dans un monde ayant perdu ses repères, tout en étant obligée d'espérer se retrouver soi-même de l'autre côté, "quand tout sera résolu". Cette phase lui donne la possibilité et le danger de pouvoir créer une réalité qui ne devrait pas exister.
Lorsqu'Adam rappelle, Anthony est là. Avec l'émerveillement béat d'Adam ("nous avons la même voix"), la situation tourne au comique. Le pendant tragique se retrouve par contre du côté d'Anthony à la fin de la conversation téléphonique, lorsque sa femme Helen lui fait une scène en croyant au retour de sa précédente maîtresse au bout du fil. Ironiquement, il y a bien eu une relation intime entre Adam et Anthony puisque qu'Adam a pénétré son expérience d'acteur. Et même s'il ne s'agit pas d'une maîtresse, la parano d'Helen n'est pas totalement hors sujet puisqu'il y a bien "attirance" entre Adam et Anthony, même si pour l'instant elle est plutôt dirigée de Adam vers Anthony. Helen veut être sûre, elle va fouiller elle-même dans les poches de son mari, et finit par trouver où Adam travaille. Alors qu'Adam veut retrouver la réalité (rejoindre Anthony), Helen veut la redoubler, être témoin du double pour ne pas se laisser tromper par la réalité : "tout mais pas un autre mensonge d'Anthony". Helen arrive au travail d'Adam, à demi consciente de ce qu'elle veut y trouver. Là où face à une maîtresse potentielle elle aurait dû lui faire avouer son adultère, la réalité du visage d'Adam s'avère être pire qu'une preuve de culpabilité : la confusion de la conversation téléphonique est parachevée, la réalité est confirmée dans toute son incohérence. L'impossible est arrivé et il est assis sur le banc juste à côté d'elle. Encore une fois, la situation détermine bien au-delà de ce que chacun pensait y trouver : assise sur ce banc à côté d'un Adam qui lui pose des questions de politesse attentionnées sur sa grossesse, elle est désemparée. Situation étrange et qui pourrait exactement être une scène de première rencontre avec Anthony… d'où émerge la question confuse : "Et si c'était lui?" "Et si c'était une autre vie…". On retrouve cette confusion extrême qui vient de l'apparence identique entre Adam et Anthony, où à tout moment on peut se dire "c'est lui", et où le "lui" ambivalent redéfinit la perception subjective de "qui est" devant Helen. Dans sa tête les choses se bousculent, se reformulent d'une autre manière. "Et si j'avais fait ma vie avec lui?". Toutes ces questions, même si elles restent virtuelles pour une Helen accaparée par son sentiment chaotique, apparaissent pourtant dans cette scène, qui rejoue une scène de la vie, qui à nouveau lui donne l'impulsion d'une autre réalité possible à portée de main. Cette sensation est renforcée par la grossesse d'Helen, qui doit ainsi réfléchir aux conditions d'accueil de son futur enfant. Il y a ainsi une perte de repères, une perte d'identité, et aussi en germe la tentation de changer d'identité, de se transférer sur un autre. L'opportunité se présente d'un changement de vie dans un contexte conjugal incertain (menace qu'Anthony le trompe alors qu'elle est enceinte), changement qui passerait physiquement incognito, Adam étant de ce point de vue le même qu'Anthony. Un mari attentionné prendrait le relais dans sa vie, et simplement en le regardant elle pourrait réussir à se convaincre qu'il en a toujours été ainsi. Dans ces conditions planent aussi les mots du début : "when there is a will there is a way". Le fait d'avoir honte de vouloir n'empêche pas la volonté inconsciente d'oeuvrer dans l'ombre : lorsque la tentation domine et qu'aucun obstacle apparent ne l'en empêche, lorsqu'un un chemin est déjà là pour l'accueillir, la tentation fait quelque part déjà partie du monde, avançant l'air de rien et se jouant des identités. Cet état du monde en devenir est celui de la mygale géante, dont les pattes ont maintenant l'allure des jambes de la grande dame, et qui marche au-dessus de la ville dont les immeubles se ressemblent tous. Tout au long du film des immeubles sont plongés dans la brume, indistinguables les uns des autres mais formant pourtant une ville, avec autant de portes différentes ; on pourrait aisément changer d'immeuble sans avoir le moins du monde l'impression d'avoir bougé de réalité. Une réalité dupliquée puis multipliée qui donnerait une ville, où la grande "mydame", après avoir maintenu le contrôle, incarnerait maintenant le trouble identitaire de la ville (où est-elle? elle rôde majestueusement), faisant planer en son sein les multiples possibilités de transfert et d'échange de réalité. Ces états symboliques sont présents dans les rêves d'Adam, et témoignent en direct des transformations en cours de la réalité, en chemin vers la réalité.
De retour chez elle, Helen est perdue et parle à Anthony de sa visite à Adam, bouleversée, et demandant ce qui se passe : Adam est comme lui. Anthony est intrigué et propose finalement une entrevue à Adam. Ils se rencontrent dans une chambre d'hôtel, et c'est là que la volonté naïve d'Adam de réconcilier simplement le réel va être compromise. Lorsqu'Anthony lui montre qu'ils sont en tous points identiques, avec cette cicatrice sur le ventre impossible à reproduire par des voies naturelles, sa réaction est encore une fois miroir de celle d'Helen : toute l'incohérence objective lui revient à la figure. Comme si pendant tout ce temps le "eurêka" qu'il voulait faire triompher dans sa tête, les faits qui reprendraient leurs droits pour recomposer une réalité cohérente, tout cela s'écroulait par ce qu'il en voyait, remplacé par l'impossibilité criante d'Anthony en chair et en os. Le corps est trop consistant. Le "je ne crois que ce que je vois" se retourne contre lui, et l'impossible vérité ne peut plus rester dissimulée : le double, encore et toujours impossible ("il ne peut en rester qu'un" dirait Highlander…). Alors qu'Adam est hésitant au premier contact, Anthony est très direct, très factuel : ne craignant pas le pourquoi du comment, il scanne Adam pour attester qu'ils sont identiques. La figure, les mains, la cicatrice… Adam quitte précipitamment la scène, brouillé au possible.
Leur rencontre attise la curiosité d'Anthony : il va voir la vie d'Adam et se met à suivre sa femme, qui a une allure identique à la sienne. Il la suit d'abord parce que c'est son type de femme, mais ne peut cacher son trouble quant à la ressemblance avec la sienne : guettant depuis la rue la baie vitrée de son bureau de travail, il se retourne plusieurs fois d'un air hésitant : "qui est cette femme? … est-ce la mienne?" "Pourquoi est-ce que j'hésite encore?" Mais Anthony n'est pas Adam, il n'hésite donc pas longtemps avant de passer à l'action : en bon opportuniste, il va faire chanter Adam pour échanger les rôles pendant un weekend, prétextant qu'Helen à été mêlée à l'histoire, et que la balance exige en retour qu'il couche avec sa femme. Anthony a son instinct de survie qui est l'opposé de celui d'Adam : il consiste à remplacer les questions par des faits et des actes. Lors de sa rencontre avec Adam, il s'empresse de lui montrer avec une assurance et une aisance presque déplacées, toutes les preuves physique de leur identité physique ; et quand il suit la femme d'Adam, les ressemblances troublantes avec sa propre vie doivent être rapidement tues en remplaçant ce trouble par l'acte irréfléchi "je remplace Adam". Conjurer le questionnement par des faits et des actes qui devancent le problématique de la situation. Sa rapidité d'action pour échanger une vie contre une autre est impressionnante, et cette facilité de s'assimiler à Adam fait quelque part peur à voir. Par leurs manoeuvres distinctes d'évitement, Adam passivement et Anthony activement, ils montrent la tentation de cette identité attractive 'Adam = Anthony'.
De son côté, Adam a donc endossé "de force" le rôle d'Anthony. Il se sent coupable d'avoir provoqué la situation et ne peut donc rien dire à Anthony. Il rentre donc à la maison d'Anthony, et Helen se retrouve alors devant un mari gentil et attentionné : elle comprend immédiatement qu'il s'agit d'Adam, ce même Adam qui avait été si gentil avec elle sur le banc de la fac, si différent d'Anthony. Faire "comme si" Anthony était Adam, fermer les yeux et remplacer insidieusement l'un par l'autre sans se poser plus de questions. Son désir secret lui tend les bras, mais il est aussi dangereux pour la réalité qui serait alors faussée, "remplacée". En parallèle, Anthony et la femme d'Adam sont dans une chambre d'hôtel, et en plein ébat, elle se rend compte par la marque d'alliance qu'il n'est pas celui qu'il prétend être. Lui reviennent en tête les scènes du début avec Adam où elle coupait court à leurs ébats : même avec son double, le schéma se reproduit à son insu. Dans la voiture, oppressée, elle lui demande de la laisser sortir, lui disant "comment tu peux me faire ça, tu n'es pas un homme". Anthony, l'homme qui collectionnait les conquêtes, les magazines de moto, et qui le torse bombé s'en allait tambour battant surpasser Adam, cet Anthony craque, fou de rage, et en voulant l'expulser en marche, crashe la voiture contre un pilonne après plusieurs tonneaux. Plus rien ne filtre à travers la vitre conducteur brisée en toile d'araignée : la réalité forcée par Anthony et la découverte d'une différence avec son double aura abouti à la disparition du chemin 'Anthony + femme d'Adam'.
La réalité qui survit est l'autre : 'Adam + femme d'Anthony', cette réalité où se recrée "la rencontre qu'ils auraient pu avoir si Anthony avait été Adam", mais au présent. Au moment probable où la femme d'Adam stoppait le désir d'Anthony, en parallèle Adam sortait de la chambre, après y être resté allongé, entouré par les bras d'Helen qui cherchait pourtant encore à lui faciliter la tâche pour qu'il se sente comme chez lui. Cet échange de réalité gêne Adam, il voudrait refuser la situation mais tout lui échappe encore : il "aurait voulu ne pas devenir Anthony", garder quelque chose qui l'aurait démarqué d'Anthony. Mais il n'a jamais trouvé ce quelque chose, et même les objets d'Anthony dans la maison sont comme si ils lui avaient toujours appartenu. La femme d'Anthony arrive pour couper court à la tristesse avec douceur : "Je veux que tu restes" lui dit-elle, en l'embrassant, puis en lui faisant l'amour. La scène est totalement symétrique et inverse par rapport à ce que vivait Adam avec sa précédente femme, qui partait chaque fois après qu'Adam ait choisi le moment où il lui faisait l'amour. Ce "Je veux que tu restes" sonne aussi comme les mots qu'il aurait lui-même aimé lui dire, pour qu'elle ne parte pas, un "Je t'aime" jamais expiré et remplacé par une attitude de passivité contrôlée. Ici, c'est Helen qui prend l'initiative, inversant la situation, le sauvant de sa peur d'être rejeté, d'être l'intrus.
Le lendemain, Adam trouve dans la poche de veste (anciennement celle d'Anthony) l'enveloppe qu'il avait prise à l'agence d'Anthony, marquée du sceau "personnel et confidentiel". En sortant de sa nouvelle chambre, sa femme lui indique que "sa mère l'a appelé", alors qu'elle n'est pas sensé connaître sa mère. Ce ton de routine semble en tout cas indiquer que la réalité a été transmutée du jour au lendemain, ou dans le temps suspendu d'une scène critique contenue par un bug temporel. Quoiqu'il en soit, l'enchaînement des deux plans rend bien compte du contraste brute d'une réalité (é)changée. Il ouvre l'enveloppe, et en sort la fameuse clé du début, celle qui lui avait permis d'ouvrir la porte menant à la scène symbolique de la grande mygale. Et comme dans cette scène du début, il active aussi sans le savoir (?) cette scène symbolique : il libère la mygale. A l'inverse, la scène symbolique du début peut donc aussi se lire comme une prophétie de la fin : quand la cloche sera soulevée, quand il ouvrira l'enveloppe, la mygale sera lâchée dans le monde, les peurs ou fantasmes seront incarnés dans la réalité comme éléments à part entière. Avant de découvrir la clé, quand il est dans l'ascenseur avec le concierge qui lui parle de cette soirée, il n'est pas au courant de son existence. En supposant le film déroulé une première fois, il y a maintenant un doute pour savoir qui d'Anthony ou Adam occupe la scène symbolique au début du film, le même doute qui amène à se dire peu après qu'Adam a le vécu des rêves d'Anthony, bien que ce soit Anthony qui joue les scènes. Ils "se partagent" une réalité, tout en restant chacun distincts, représentants de la leur tant qu'elles ne se sont pas rencontrées. Le monde symbolique était garant de la co-existence des réalités d'Adam et Anthony et permettait à l'une ou à l'autre de se dérouler. Il assurait leur mélange potentiel mais jamais réalisé. Maintenant que les réalités sont confondus, ce déséquilibre pèse sur le monde symbolique qui doit se déverser dans le réel, car une réalité a été choisie. Il s'agit d'une situation analogue à l'expérience de pensée du chat de Schrödinger : tant qu'il n'est pas observé, le chat existe dans deux les états possibles de vie ou de mort. L'observation du chat (équivalent ici à la déclaration officielle d'une seule réalité) détruit le monde où les deux possibilités était encore valables.
Si jusqu'à présent la scène symbolique restait suspendue dans une réalité indéterminée (où? quand? comment y accéder?), la clé, en apparaissant dans la réalité, ouvre d'elle-même la scène sur la réalité, elle ouvre la porte liant symbole inconscient et manifestation réelle. Ces deux mondes se retrouvent alors dans un seul, avec un même degré de réalité partagé. Les éléments symboliques qui signifiait les peurs vont maintenant au contraire pouvoir exister à l'échelle de leur effet : c'est le grand lâcher symbolique (mais plus seulement symbolique!) de la mygale géante dans la réalité. A la place de l'effet symbolique saisi intellectuellement et neutre pour le monde physique, le symbole se matérialise pour confronter directement son auteur. Le teint lissé de la scène symbolique, les postures sophistiquées des protagonistes de la scène, la mise en scène grandiloquente de la femme qui arrive sur le podium avec sa cloche, l'animal totem qui en sort, … tout ce mode intellectuel se retrouve aussi libéré de son sérieux représentatif, via l'apparition gargantuesque de la mygale géante en face d'Adam. Un peu comme si les objets en avaient marre d'être instrumentalisés par l'intellect, et qu'ils revendiquaient leur droit d'exister pour de bon. A leur tour de leur faire tourner la tête, pour que le jeu de piste continue avec tous les participants, idées ET objets à égalité de droit et de mouvement ! Ou pour une égalité du physique et du psychique. La forme de la réalisation du symbole et le choc de sa rencontre improbable est aussi un clin d'oeil à La métamorphose de Kafka.
Derrière la porte, grâce à la clé, le réel retrouve toute sa cohérence, celle qu'Adam poursuit depuis le début : la porte lui permet de continuer sa vie dans celle d'Anthony, a priori sans interruption, sans obstacles entre les deux. Le doute sur l'occupant symbolique aura donc persisté jusqu'au bout, tout en changeant de forme : on doutait que ce soit Adam ou Anthony, maintenant on sait, mais on sait qu'on ne peut plus du tout les départager. L'ambivalence définit aussi un jeu temporel : est-ce Anthony qui était présent, ou Adam qui sera présent ? Les deux réalités se "superposent", se fondent. Le film se complète ainsi sous la forme d'un ruban de Moebius. Une face réel-Adam liée à une face rêvée-Anthony qui suit tous ses mouvements et traduit l'évolution de la première et du monde en temps réel. La face rêvée rejointe, bouclée par la face réelle. Mais justement, l'apparition de la porte fait que les deux faces se rejoignent, et encore une fois, la réalité ne va pas avancer et s'approprier le rêve sans que le rêve n'en retire aussi quelque chose pour sa propre dimension. Lorsqu'Adam sourit à l'idée d'aller ouvrir la porte (symbolique mais désormais réelle puisqu'il a la clé), il demande à Helen si elle a prévu quelque chose ce soir car il a rendez-vous avec son destin ; en allant chercher la réponse dans la chambre, il se retrouve nez à nez avec une énorme mygale qui a pris la place d'Helen (la femme symbolique et Helen portaient toutes deux le danger en elle) : le rêve a lui aussi pris son dû ! En effet, si la réalité d'Adam désirait atteindre celle d'Anthony, en parallèle le désir qui habitait la face rêvée évoluait lui avec le dilemme femme-mygale. La quête d'Adam est ainsi parsemée de rêves et de visions qui lui indiquent dans quel sens le monde est en train d'avancer : l'araignée géante sur la ville, médium des dangereux transferts du réel ; la femme à la tête d'araignée, indice de la métamorphose en cours. Autant d'indices de ce qui se passe dans la face rêvée, pour contre balancer le réel qui s'approche dangereusement du rêve (la quête d'Adam qui avance) : le réel grignote l'espace rêvé-désiré, le rêve hybride le réel. Adam et Anthony sont la clé de voute, la frontière qui sépare les deux faces ; tant qu'ils restent séparés, il y a seulement danger non réalisé. Mais depuis le début, le jeu résidait justement dans un déséquilibre permanent, le désir de connaître d'Adam, le mouvement animant le ruban pour amener les deux faces à se compléter en une seule. Ses rêves lui disent pourtant à quoi son désir le mène : Adam à la place d'Anthony, la mygale à la place de la femme désirée. Adam n'a pas voulu considérer les mises en garde des rêves. La mygale rode, la mygale (ce pût être un serpent) est dans la femme désirée, elle a déjà pris son visage. Et effectivement, le danger qui facilite les retrouvailles des deux faces, ce danger s'est incarné dans la femme désirée. Anthony le premier en subit les frais avec un accident mortel. La réalité montre le danger, tout en réunissant paradoxalement les conditions de sa réalisation. Elle laisse le choix à la tentation. Car en effet cet accident laisse le champ libre de l'autre côté : Helen opère en toute conscience l'échange, l'écrasement d'Anthony par Adam, prenant le meilleur (Adam) et tuant le pire (Anthony). En succombant à la tentation, elle excède son pouvoir et sa punition est le corps d'une mygale. Adam étant le co-instigateur de la situation, il devra lui faire face à sa culpabilité, son péché.


Compléments


La perception des personnages conditionne et construit directement la réalité, en particulier la perception d'Helen envers la réalité d'Adam. C'est l'une des premières images du film : Helen sur un lit enceinte, image subliminale suivant la scène symbolique et précédant le premier réveil d'Adam. Tout semble faire tendre Adam à remplacer Anthony. L'attitude d'Adam est globalement passive, il subit les orientations des autres personnages et des contextes, les destins qu'ils lui prédisent, là où ils semblent vouloir l'emmener. Mais il est aussi le potentiel, celui qui crée toutes les conditions, qui va les chercher en faisant réagir la réalité, même si il en a honte. Il va les chercher "parce qu" 'il ne veut pas les voir, parce qu'il ne veut pas y croire. Il a déjà eu des preuves mais continue de challenger le réel pour qu'il finisse par lui donner raison. Plus il nie, plus il s'abandonne à cet autre lui, puisqu'il est obligé de se mettre entre parenthèse pour agir. Durant ses absences, il laisse paradoxalement toute la matière agir sur lui, lui créant ainsi de nouvelles conditions de vie et d'accueil du futur Anthony-Adam. Son "honnêteté" le presse à découvrir le fin de mot de l'histoire, même si ce "mot de la fin" pourrait le détruire. Sa mère lui avait aussi préparé le terrain avec ses paroles "je ne sais pas comment tu peux vivre comme ça", au grand dam d'Adam. Cette détresse trouve une réponse une fois les rôles échangés, quand Adam pénètre dans l'appartement d'Anthony, impeccablement rangé, comme si il découvrait un nouveau chez soi pour le moment étranger. Etranger mais où des éléments coïncident : dans le frigo il trouve des myrtilles (nourriture préférée d'Anthony), après être allé chez sa mère qui justement lui affirmait qu'il aimait les myrtilles (alors que lui le niait). Moments de troubles et revirements d'identité, où la mère le pousse à changer. Helen aussi agit guidée par l'intérêt pour son propre enfant. La figure de la mère et son lien avec la naissance, le renouvellement, la renaissance est incroyablement bien intégrée à toutes les strates du film, et constitue un aspect essentiel de la logique de son mouvement : la boucle, inscription d'un monde dans un autre, ou mise au monde d'un nouveau.
Quand une réalité veut quelque chose, elle engage dans son vouloir d'autres forces, mobilisant des éléments qui oeuvrent dans le noir et se mettent eux aussi à pointer vers une même ligne de mire, ligne floue sur les moyens, qui n'engage pour l'essentiel que du mouvement, mais un mouvement décuplé, "mobilisé pour…" L'essentiel est qu'elle VEUT. Le vouloir d'Adam ignorait la dimension rêvée pourtant dépendante de ses actes, pensant innocemment ou non pouvoir dérouler le réel sur une seule face. Ce vouloir conjugué à celui d'Helen a permis à la mygale de pénétrer le réel en même temps que la clé ouvrait à Adam la porte des rêves, réunissant deux faces transmutées sur le coup en une seule. Les deux faces sont maintenant indistinguables. Cette impression a toujours été plus ou moins celle d'Adam envers Anthony : trouver le moyen de s'en distinguer, car il ne peut décemment pas appartenir à la même réalité que lui en même temps. Et c'est justement dans ce jeu infini que le ruban se déroule et peut reboucler avec lui même : ce qui était Anthony lui permet d'être Adam tant qu'il n'est pas devenu cet autre.
'Adam découvrant la clé dans sa poche' : cette scène aurait pu être jouée par Anthony, tant il y est à l'aise. Sa femme aussi. Ils font comme si de rien n'était ou "comme si la suite du film n'avait pas existé". La réalité les punit en faisant apparaître à son tour un élément prématuré de l'autre côté de la porte. Mais c'est bien Adam qui habite Anthony "maintenant". Cette scène rejoue ainsi une introduction à la scène symbolique, mais en trompant l'image sur tout le reste du film. Double effet temporel : 1/ la scène de fin rejoue une situation avant la scène symbolique (puisque la clé est l'accès à cette scène), donc réinitialise le film mais avec des figurants dont on sait qu'ils ont été -ou qu'ils seront- échangés, et 2/ cette scène de fin bel et bien renvoyée à la fin, mais où un élément symbolique du début -mygale- à son tour force le passage "à rebrousse-temps" pour échanger les rôles. Punition d'avoir manipulé la réalité, bien qu'elle en avait envie (cf. désir de l'autre face). C'est une farce : de l'autre côté de l'écran la scène symbolique elle aussi fait toc toc au présent et s'introduit brutalement dans la réalité, comme pour spoiler directement la fin du film, avec une révélation comique du type "depuis le début Helen c'est la mygale!", une solution qui n'apporte rien mais qui prête à rire devant cette situation-image absurde débarquée d'un autre monde. Maintenant la réalité a acquis une capacité de changement d'éléments, de manipulation-transformation perpétuelle lorsque la boucle se fait, à des endroits qui font recommencer la réalité tout autour. A ces endroits singuliers, le film s'ouvre à des effets temporels : quand on entre par cette porte, le reste est au courant : la réalité recommence partiellement tout autour, des réalités s'agitent au-dessous pour répondre à la nouvelle aspiration du monde. Un jeu sans limite, où des bugs de la réalité ponctuent la conjugaison de mondes désirés, où des instincts de convergence dessinent les boucles de la réalité.

zerthol
8
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le 24 avr. 2018

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