Je n'avais vu que Gaby baby doll de Sophie Letourneur (qui m'a marqué dans le sens où malgré un rythme assez lent le film pique la curiosité du spectateur par quelques dialogues et situations inattendues), et la sortie d’Énorme avait fait un mauvais buzz à cause du sujet qu'il évoque. Rien de tel pour donner à des abrutis comme moi l'envie de le rattraper, surtout qu'on ne rit pas de cette entrave à l'IVG dans le film (dès les premières minutes on sait que le personnage campé par Jonathan Cohen est un sombre con).
Si le film est très drôle par moments, il est fondamentalement dramatique sur le papier et c'est ce qui fait tout le sel du long-métrage.
Claire est épuisée en permanence, les traits marqués. Elle ne fait que bosser dans sa vie puisque c'est son mari qui s'occupe de tout le reste. Victime d'une crasse immonde de sa part, elle va peu à peu s'émanciper tout en restant décalée par rapport à la majorité des autres personnages du film.
Fred, quant à lui, est une ordure qui s'ignore. Tout doit être fait dans son intérêt en permanence, et il se permet de vivre la vie de sa femme par procuration. Le personnage est d'une toxicité rare et on est absolument pas de son côté pendant toute la durée du film.
Plus précisément, Letourneur n'est du côté d'aucun de ses personnages, à part ceux qu'elle fait jouer par des gens qui ne font que reproduire leur quotidien à l'écran (les sages-femmes notamment). Du chaman en carton de l'appart' d'à côté qui n'a jamais voyagé nulle part et met du Pagan Metal chez lui pour se payer une crédibilité en apparence, en passant par la future grand-mère aussi intrusive que son fils dans la vie du personnage de Claire, la réalisatrice tape gentiment sur des archétypes.
La fin du film est assez amère et c'est surprenant pour une comédie tout en étant très pertinent avec le propos du long-métrage.
Pour ce qui est de l'humour, ça tourne beaucoup autour de l'absurdité de nombreuses situations dans lesquelles les deux protagonistes vont se retrouver et de la réaction que cela va susciter chez nous en tant que spectateurs et chez les personnages qui les entourent également. Le coup de la méthode à l'italienne, l'inquiétude de Claire d'avoir un potentiel cancer ou encore le coup des biscuits Prince de Lu, c'est tellement gros et décalé que c'en est drôle.
Il y a même tout un travail autour de la scène d'accouchement qui est très longue contrairement à ce qu'on a l'habitude de voir dans les films qui mettent en scène un accouchement. De façon sobre et réfléchie, Letourneur va montrer la souffrance de ce moment et surtout le faire bien. En bref, foncez, ça change des comédies qui cartonnent en salles habituellement.