Incapable de résonner sur ce qu’elle vit, incapable de décider, la femme en question est celle qu’on ballote de vol en vol, qu’on habille et coiffe, qu’on maquille, qu’on pousse sur le devant de scène.
C’est la femme qui n’a pas son mot à dire, car elle ne sait pas quoi dire, ce qu’elle sait faire, c’est juste faire de la musique. Jouer du piano, c’est tout.
Elle était son trophée, celle qu’on montre lors des banquets, mais pas pour sa beauté, car c’est elle l’artiste, pas lui. Lui, ne vit que par procuration sa gloire à elle, mais derrière chaque femme, se cache-t-il un homme qui lui permet de s’accomplir ?
« On dit Madame l’ambassadeur, et pas Madame l’ambassadrice. Pour un homme, on dit Monsieur. »
« Vous serez la première femme, la première. » On insiste, car être la première femme, c’est être la pionnière. C’est faire changer les choses, faire évoluer les mentalités. Ne pas cantonner le rôle de la femme à celui d’un objet, ou de celle qui s’occupe de la cellule familiale. C’est comme essayer de repenser la société différemment, et essayer de donner un rôle d’homme, à celui d’une femme. Mais alors, qu’est-ce qu’être un homme, et qu’est-ce qu’être une femme ?
Pris d’un instinct maternel, l’homme donnerait tout, pour être une femme. Il décide alors de tout, d’avoir cet enfant, de l’accouchement, de s’occuper du bébé, une fois qu’il arrivera.
La femme n’est que la porteuse, elle n’est même plus mère. Elle reste un objet, même lorsqu’elle donne la vie.
Et ça épuise, au point de crier. Elle veut se faire entendre, mais elle revient vite à sa réalité qu’elle a créé autour d’elle, de se mettre elle, au rang du silence. Elle ne veut exister qu’à travers la musique, d’ailleurs existe elle lorsqu’elle joue ? On semble penser qu’elle se fait toute petite, et c’est la musique qui devient toute grande. La musique, ça libère, mais elle se perd, dans sa propre libération.
Elle décide de résister malgré tout, jusqu’au bout, même si elle ne comprend pas toujours ce qui se passe autour d’elle.
Lui, sait tout, et elle ne sait rien.
Comme la société le veut toujours.