Enragé de Derrick Borte fait partie de ces peut nombreux films américains sortis durant l’été, nous permettant tout de même de voir à l’affiche Caren Pistorius et Russell Crowe qu’on retrouve au cœur de l’action dans un duel acharné. On y découvre une mère de famille en retard pour emmener son fils à l’école qui perd patience en klaxonnant une voiture devant elle qui ne veut pas démarrer à un feu rouge. Le conducteur de celle-ci ne va pas apprécier son supposé égoïsme et va littéralement s’enragé pour lui faire passer ce qu’on pourrait bien nommer une mauvaise journée. Ce thriller à l’histoire assez convenue n’est pas sans rappeler le fabuleux Duel de Steven Spielberg fonctionne plutôt bien malgré tout, sans pour autant se démarquer d’un quelconque moyen tant la redondance dû au manque d’idées se fait tout de même bien ressentir.
L’histoire est en effet très simple et elle nous est en premier lieu présenté à travers un long déroulé d’images et de vidéos réel pour dénoncer des problèmes sociétaux concernant les troubles de comportement de certains automobilistes. Et cette petite introduction n’aide pas vraiment à rentrer dans le film tant elle semble vraiment tirée par les cheveux pour mettre en perspective l’histoire avec notre société actuelle, ce qui n’est pas vraiment nécessaire dans ce cas-là, d’autant plus que ce n’est pas le point de vue de l’agresseur qui est traité dans le film. C’est à l’image du film au final, des possibles bonnes idées mais pas assez bien amené pour créer une œuvre complète, un sujet plutôt bien traité mais sans jamais vraiment créer de sensations.
En effet, le film tient en haleine par la violence soudaine et très souvent inattendu de certaines actions qui surprennent, bien mises en valeur, et ce même pour le personnage de Russell Crowe. On nous captive par celui-ci en prenant conscience du danger de cette menace, en sachant ce dont il est capable, mais ce sont bien ces seules scènes qui nous attrapent car l’histoire, l’agencement des péripéties, le rythme, les personnages très classiques sans véritable personnalité et les acteurs pas non plus incroyables, n’aident pas, et au contraire, ternissent le film. Seuls certaines scènes se démarque donc, car même la globalité des scènes d’action n’est pas d’une réussite totale. La tension n’est pas vraiment ressentie, on organise simplement un montage global plus nerveux, avec des plans plus courts, toujours en mouvement et une augmentation du son des bruitages. Un certain académisme qui fonctionne mais ne surprend pas.
Il est en revanche certain que ce manque de surprise impact le film qui devrait finir en apothéose, mais reste au final dans la même veine que le reste. L’esthétique est très plate, tout est gris tout le temps, le manque de créativité global déçoit malgré quelques bons éléments intéressant (les difficultés de communication entre les personnages, les coups d’avance de l’antagoniste sur tout le monde ou encore la voiture de celui-ci vraiment personnifiée comme un monstre à la Duel de Spielberg). On en ressort ainsi en ayant passé un bon moment en ces temps difficiles de rentré, divertit par un film maîtrisé, mais qu’on a l’impression d’avoir déjà vu plusieurs fois.