The Eddy
5.9
The Eddy

Série Netflix (2020)

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Après une subite pause dans l’espace avec First Man mais surtout la réalisation de deux films à thématique musicales, Whiplash et La La Land, Damien Chazelle s’est tourné vers la série, en France, pays de ses origines, où Netflix en fait l’un de ses grands arguments marketing autour d’un casting alléchant pour sa récente production, alors que le réalisateur n’est pourtant présent que sur un quart de la série pour les huit épisodes. Cependant, ces deux premiers épisodes ne sont pas des moindres étant donné qu’ils doivent mettre en place l’univers, l’action, l’intrigue mais surtout les personnages et leur liens complexe entre eux. En effet la série raconte l’histoire d’un ancien grand nom du Jazz (encore une fois), Elliot Udo, qui va devoir s’occuper de la gestion de son club malgré sa situation familiale complexe et les difficultés financières liées à de sombres magouilles, le tout au travers de l’histoire et du point de vue personnel des 7 personnages principaux, un pour chaque épisode.


Les deux premiers épisodes nous offrent cependant une grande différence avec ce que nous avait prouvé Damien Chazelle auparavant, où malgré la présence du même univers musical, l’image est quant à elle d’un tout autre aspect pour filmer ce Paris et sa banlieue où le beau monde d’Hollywood y paraît bien loin. L’utilisation du 16mm montre bien la volonté d’être beaucoup plus brut, plus vrai, par une musique qui ne connaît pas le beau succès tant convoité, mais plutôt un Jazz qui vie dans les tréfonds d’un club aux allures presque industrielles, qui se bat pour vivre et surtout survivre contre une époque qui l’ignore. C’est ce que l’on ressent en tout cas par l’abandon de tout artifice de mise en scène mais plus de sobriété pour visualiser directement le concret sans faux-semblant.


Tout ceci n’empêche pas cependant d’illustrer toute la virtuosité de la musique, d’exprimer ses ressentis par de long plan-séquence caméra à l’épaule, plein d’immersion, nous plongeant avec ce groupe, où le temps reste prisonnier de l’harmonie de ce que l’on entend. Et c’est d’ailleurs seulement par ce que l’on entend que l’esthétisme se manifeste, au contraire de l’image, comme d’un style de musique, voire d’un mode de vie de purs passionnés qui se perd, s’efface peu à peu, comme la suite du récit malheureusement.


En effet les relations entre les personnages baissent de plus en plus en intensité, devenant de moins en moins intéressantes avec énormément de niaiseries et de lourdeurs dans les dialogues, sans aucune originalité, où nombreux d’entre eux sont réellement sans intérêt. Le fait d’instaurer le concept d’un personnage par épisode comme thématique permet pourtant de dynamiser la série puisqu’étant donné qu’on les connaisse tous un petit peu dès le départ, l’intérêt envers leur comportement et leur vie intime est important, mais c’est bien là le seul point positif de la structure de la série. Les diverses intrigues en parallèle s’essoufflent rapidement, en étant de moins en moins recherchés, les rebondissements qui dans une série sont cruciales tant ils doivent permettre de garder l’attention tout au long de la série sont ici de plus en plus surréalistes et nous sortent complètement de l’histoire.


La réalisation de Damien Chazelle qui permettait d’accepter ces quelques défauts par la manière dont il laissait la musique s’emparer du récit et dans laquelle la personnalité de chacun des personnages ressortait, devient par la suite une mise en scène beaucoup plus classique. Oubliant le 16mm et faisant passer le parti pris esthétique intéressant de l’immersion et de la brutalité de la vie pour une simple production sans idées, faite de mouvement de caméra redondante sans plus aucune maîtrise, ni des scènes de musique, ni du reste. Plus aucune émotion particulière ne ressort par la suite, on reste juste pour avoir le fin mot de l’histoire qui lui-même se veut poignant, mais au contraire est d’une facilité totale. Dans cette série, la violence des coups provoque autant que l’amour, la gêne, la déception ou la trahison, c’est à dire presque rien, juste de quoi rester attentif mais sans jamais ressentir intérieurement quoi que ce soit.

Séance_critique
5

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le 13 mai 2020

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