Enter the Phoenix par cherycok
Essayant de rattraper mon retard sur quelques « classiques » du cinéma de Hong-Kong de ces dix dernières années, Enter the Phoenix a attiré mon attention de par son casting assez hallucinant et le fait que Stephen Fung soit derrière la camera. Même si décrié par beaucoup de par son côté « mèche rebelle » que beaucoup lui donnent, il m'avait déjà étonné par son plutôt bon House of Fury. Enter the Phoenix se traîne une réputation de divertissement sympathique et après visionnage, c'est exactement ça qui en ressort : un film agréable, rempli de bonnes choses mais qui, comme il n'arrive jamais à vraiment décoller, restera au rang de « juste bon ».
Le gros point fort de Enter the Phoenix, c'est sans aucun doute son casting de luxe. Stephen Fung est arrivé à réunir plusieurs générations d'acteurs. On a tout d'abord les vieux de la vieille, à commencer par Yuen Biao, qui n'a ici qu'un petit rôle en début de film, qu'on a toujours plaisir à revoir, accompagné par les vieux briscards Law Kar-Ying (Bons Baisers de Pékin) et Michael Chan qui une fois de plus, après son rôle dans Bad Blood de Dennis Law, se voit affubler d'une coiffure « Out of this World » en début de film, ça en devient une habitude ! Mention spéciale à Karen Mok (Blackmask) qui, même si elle cabotine parfois un peu trop, reste toujours aussi mimi.
Tout ce petit monde est accompagné de la nouvelle génération de l'époque, Eason Chan (Love Battlefield), Daniel Wu (One Nite in Mongkok), Chapman To (Infernal Affair) et Stephen Fung lui-même. Dans l'ensemble, ils s'en sortent plutôt bien. Même si ce dernier surjoue parfois son rôle de mafieux aigri par son passé, Daniel Wu est très sobre et réussi à faire passer les émotions comme il le faut. Le potentiel comique de Chapman To n'est plus à démontrer et il le prouve une fois de plus avec des gags bien funs à condition d'aimer l'humour un peu con-con comme par exemple les mecs qui se prennent des portes dans la tête...
L'autre gros point fort de Enter the Phoenix, c'est la partie comédie. Alors certes comme dit plus haut, c'est souvent de l'humour « basique » avec des gags qu'on connait tous mais qui pourtant continuent à faire rire – le coup de la corde coupée (ceux qui l'ont vu comprendront) finit la scène d'action dans le restaurant de manière bien crétine. Certains personnages comme celui de Law Kar Ying apporte vraiment un plus dans le film. Le passage où il apprend à parler anglais est bien con comme il faut et d'ailleurs, dès qu'il parle en anglais, c'est à chaque fois des termes sexuels.
Parlons rapidement des différents cameos dont regorge le film comme Nicholas Tse qui complète le groupe des « mèches rebelles », la jolie Sammi Cheng, Lee Lik Chi, réalisateur de bon nombre de Stephen Chow, l'excellent Sam Lee dans le rôle d'un homo un peu fofolle ou encore, et là c'est du lourd, Jackie Chan himself, producteur du film, qui vient faire une petite apparition rigolote de 10 secondes à la toute fin.
Par contre, le film joue beaucoup sur le fait qu'un de ses personnages principaux soit homosexuel, avec des allusions parfois un peu vaseuses et des dialogues à la limite de l'homophobie. Un gag sur les « gay » comme ils disent avec un accent anglais foireux, ça va, deux gags, ca va, mais quand ça revient plusieurs fois durant tout le film, était-ce bien nécessaire ? Sans doute que non et cela vient un peu noircir le tableau même si dans l'ensemble, même si on ne rigole jamais aux éclats, on se retrouve souvent avec le sourire aux lèvres.
Mais Enter the Phoenix n'est pas uniquement une comédie. Stephen Fung a voulu mélanger les genres en y intégrant des scènes beaucoup plus sérieuses où il essaie d'aborder quelques sujets « grave » comme par exemple le mariage arrangé où les sévices que font endurer les triades à certains (la main coupée pour ceux qui vendent des disques pirates), et même quelques combats / gunfights. Peu nombreuses, ces scènes sont réussies à l'instar du passage dans le restaurant ou un tueur se faisant passer pour un serveur va essayer de venir à bout des membres principaux de la triade à grand coup de Uzi. L'affrontement final entre Daniel Wu et Stephen Fung, chorégraphié par Ma Yuk Sing, tranche vraiment avec le reste du métrage. On a l'impression d'être devant un film de Ching Siu Tung (Histoires de Fantômes Chinois) avec des personnages qui virevoltent dans les airs, des ennemis qui sont littéralement éjectés et qui traversent les murs (merci les câbles) et même si en lui-même le combat est réussi, il fait beaucoup trop contraste avec le reste du film qui malgré l'aspect comédie est plutôt réaliste.
Ce mélange des genres n'est pas forcément réussi, on a l'impression que le film a un peu le cul entre deux chaises et ne sait pas vraiment vers quel genre se tourner. Même si au final l'aspect comédie l'emporte, on aurait préféré voire un film 100% comique d'autant plus que le potentiel était vraiment là (l'hommage à A Better Tomorrow de John Woo est excellent).< /br>
Néanmoins, on ne s'ennuie pas devant Enter the Phoenix et je crois que c'est bien ça le principal lorsqu'on regarde un film. La bonne humeur communicative qui règne tout le long du film, accompagnée par cette sympathique bande originale (qui pille pas mal de musiques connues, font qu'on passe un bon moment et que même s'il ne restera pas dans les annales, il vaut le coup d'être vu au moins une fois.