Expérience(s)

Depuis longtemps, je voulais, devais, voir ce film. Bien que moult fois conseillé, j’ai eu la chance de n’avoir rien vu et lu, ou je ne m’en souvenais plus, sur ce film. C’est totalement vierge que je suis entré dans « Enter the Void ». Vierge de tout a priori ou image, mais pas de mon expérience.
Le « Enter » se fait de matière étrange, difficile, mais je m’accroche, car je sens bien que l’expérience est bien là subjective, immersive et absolument originale. J’ai la bonne idée d’écouter attentivement la description du Livre des morts, car il constitue la cartographie du film. Puis vient « The Void », là où tout finit et tout commence.
De manière objective, ce film est d’une grande maîtrise, d’une forte originalité. Que de moments où je me suis demandé comment ils ont pu filmer ça. Une claque visuelle et sensorielle. Car c’est bien aux sens, et même aux tripes, que s’adresse le film.
Mais l’expérience d’un film ne se bâtit pas que sur les qualités objectives d’une mise en scène ou d’un jeu d’acteur. Il résonne en chacun de nous différemment, à l’aune de sa propre expérience. Et « Enter the Void » a eu un écho en moi, avec deux scènes :

. Le film n’a pas seulement touché ma corde sensible, il a griffé en moi des douleurs passées. Il ne m’a pas seulement épaté, il m’a bousculé. Rares sont les films qui peuvent faire ça.
De ce fait, j’aurais dû mettre 10 au film, mais je me suis endormi et j’ai dû le regarder en deux fois. Ce qui ne m’arrive jamais. Le film est passionnant, mais son rythme a eu raison de moi et cela constitue mon seul obstacle à une perfection très subjective.