Entre le ciel…
Le ciel, c’est la demeure de Mr Gondo, membre du conseil d’administration d’une grande industrie de la chaussure. C’est une maison spacieuse, lumineuse, perchée sur une colline et donc visible depuis la ville du bas. Le ciel, c’est là où les actionnaires d’une entreprise se déchirent pour leur intérêts privés et la recherche du profit. C’est là où les personnages occupent le cadre, en profondeur, et se tournent le dos, souvent immobiles, à la fois témoins et juges du drame moral qui s’y joue en huis clos. C’est là où le capitaliste a le choix entre jouer sa fortune pour prendre possession d’une industrie, ou la perdre pour sauver la vie d’un enfant qui n’est pas le sien. Une fortune qu’il pense avoir construit à la sueur de son front, mais qui lui vient de la dot de sa femme.
… Et l’Enfer
L’enfer, c’est la ville du bas, où la police traque les criminels qui ont enlevé un enfant. C’est une ville aux habitations exiguës, sombres, écrasées par la colline et narguée par le manoir qui s’y trouve. L’enfer, c’est là où la masse prolétarienne tente de survivre, broyée par l’industrie lourde. C’est là où les personnages se noient dans la multitude et les corps décadents en mouvement, tournés souvent vers leur objectif commun, à la fois acteurs et victimes de la misère sociale. C’est là où l’étudiant en médecine, plein de rancœur à l’égard des riches, met en œuvre ses sombres desseins, poussé par la folie qui le guette. Une rancœur qui le poussera à commettre des actes atroces, qui blesseront surtout des individus de sa propre classe sociale.