Entre les murs par Cinemaniaque
Dangereux : tel est le qualificatif que je donnerais volontiers à Entre les murs. Que le festival de Cannes et les Césars se soient fourvoyés en récompensant ce film ne me semble pas tant problématique au niveau esthétique qu'au niveau thématique. Je reprends : ce pauvre François Bégaudeau, prof sexuellement ambigu (je ne vois pas l'intérêt de cette info dans le film d'ailleurs) mais sympa avec les élèves enseigne le français à une classe... d'étrangers. Noirs, arabes, asiatiques : pas un seul blanc, ou plutôt si, un gothique (original) conspué par ses camarades pour son apparence. Voilà qu'un jeune black parle de football, et souhaite que le Mali l'emporte, l'autre lui veut tel pays ; un troisième noir se plaint, agacé, que le vrai pays de cette classe est la France, et voilà que le ton monte, les jeunes difficiles refusant de se reconnaître français. Deux exemples, parmi d'autres, qui dégagent une vision nauséabonde des jeunes de banlieue, génération perdue mais refusant de se retrouver en s'opposant à l'enseignement, à la tolérance et au respect de l'autorité. Et Cantet de dire quand même "ouais mais les profs sont pas bons non plus : ils se disputent 10 minutes pour une histoire de machine à café !". Ca c'est de l'engagement... En temps normal, je me serais amusé à démolir le film, à jouer les cyniques, mais aucune envie ici : techniquement il n'y a rien de franchement raté, au contraire c'est plutôt bien fait, et la teneur du discours (voulu ou non, il est bien compréhensible dans ce sens-là) font que je préfère oublier ce film qu'on a trop vite associé à un regard juste sur une jeunesse en difficulté ; il est plutôt le reflet d'une crainte de la génération précédente sur la nouvelle.