La loi du désir
Il y a tout dans le premier plan serré sur le visage de Songlian (superbe Gong Li): les larmes et la détermination. Mais surtout: la fragilité et la force. Tout ce qui va ensuite faire d'elle la...
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le 28 oct. 2013
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Il y a tout dans le premier plan serré sur le visage de Songlian (superbe Gong Li): les larmes et la détermination. Mais surtout: la fragilité et la force. Tout ce qui va ensuite faire d'elle la concubine choyée, perdue puis malheureuse qui va peu à peu sombrer dans la folie. Les plans de ce film sont magnifiques. Il se portent sur l'essence même du lieu: ce palais élégant et fantomatique bercé à la fois par des rituels fascinants (les lanternes, les concubines), des cris (ceux des femmes, le chant de la 3e épouse) et des lieux mystérieux (dont la cabane des "suicidées"). Au milieu, 4 saisons se déroulent : de l'été à l'été suivant. Chaque saison est habitée par une nouvelle étape de Songlian, qui passera par des caps qui la font grandir en un temps record, sans qu'elle maîtrise pleinement son chemin.
Tantôt flamboyant de rouge et de sourires, le palais peut se transformer en lieu sombre symbolisé par le recouvrement des lanternes en noir et la neige, froide et abondante. Il y a alors les trahisons, les apparences qui s'écroulent. Et le désespoir, ce cycle long de l'enfermement physique et psychique. La dégradation de l'esprit formé à comploter pour tenter de s'imposer, trop faible pour faire mal, incontrolâble. Et ce son, improbable, entêtant, ennnivrant, des pieds que l'on masse. Un son sur-utilisé avec brio, annonciateur du chaos, de l'envie et cristalisateur de la défaillance de Songlian, celle qui a fait des études, celle qui se meurt en ces lieux hantés où l'homme n'a pas de visage, où rien n'apparait véritablement comme une échapatoire, même ce toit labynthe où les langues se délient, où se font les rencontres et où rôde la mort ... Songlian tourne en rond, perdue, réduite à une fontion peu reluisante, réduite à l'attente, encore, toujours. Un film maitrisé de bout en bout tant par son rythme, sa temporalité, ses thèmes, ses acteurs que ses images et ses sons qui parlent d'eux-même et nous transportent véritablement au coeur de la vie de Songlian, du désir à la folie ...
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le 28 oct. 2013
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