Un divertissement emballé avec classe et savoir-faire
Il lui a offert son second Oscar pour son inoubliable rôle de ripou dans Training Day, le réalisateur Antoine Fuqua refait appel à l’incontournable Denzel Washington pour son tout nouveau long-métrage. Au programme, l’adaptation de la série Equalizer, qui a perduré sur la petite lucarne dans les années 80 et qui a eu son succès auprès des téléspectateurs. Un projet de taille donc pour le cinéaste à qui nous devons certaines séries B d’action sympathiques justement inspirées de cette époque tels que Shooter – Tireur d’élite ou encore le récent La Chute de la Maison Blanche (avec Gerard Butler), et qui devait initialement atterrir entre les mains de Nicolas Winding Refn (Drive), avant même d’attirer l’attention de Russell Crowe. Un divertissement qui saura combler les aficionados du genre ?
Dès les premières minutes du film, c’est avec un grand « oui » qui nous vient aussitôt à l’esprit. Et pour cause, le film commence par nous présenter le personnage de Robert McCall, ex-agent secret qui tente de mettre son passé de côté pour avoir une existence des plus normales. Il n’est donc étonnant de voir une longue introduction qui nous le présente à son quotidien, que ce soit à son domicile ou bien à son travail, où quelques plans suffisent pour informer le spectateur qu’une flamme sommeille encore en lui, derrière cette apparence aux premiers abords bien sobre. Puis viens la rencontre avec la jeune prostituée avec qui il va établir une sorte de relation père-fille, occasion idéale pour rendre notre héros attachant au possible. Jusqu’à ce que tout dérape, le forçant à redevenir la machine à tuer qu’il était par le passé, avide de justice et qui offre ses services au plu démunis, nous servant ainsi sur un plateau un personnage badass à souhait. Et tout cela dans une longue quête qui monte crescendo à un règlement de compte final épique qui met en scène notre justicier avec classe et qui n’a rien à envier aux super-héros qui pullulent actuellement au cinéma. Alors, quand vous avez Denzel Washington comme acteur principal, dont le talent n’est plus à démontrer, qui peut passer sans difficulté d’un registre sombre et violent à un autre, plus calme et lumineux, en un clin d’œil, et qui fait face à un Marton Csokas qui montre sa délectation à répondre présent, vous ne pouvez que tomber sous le charme de ce film !
Alors certes, Equalizer ne brille pas spécialement par son scénario. Des histoires d’anciens agents, aux compétences remarquables et qui font justice eux-mêmes, ce n’est pas un sujet bien nouveau dans le thriller d’action hollywoodien. D’autant plus qu’Equalizer rappellera aux cinéphiles un certain Taxi Driver. Mais qu’importe, le but d’un tel film est de divertir ce qui ont payé leur place. Et sur ce point, Equalizer remplit son cahier des charges haut la main. En alternant avec maîtrise les séquences d’action violentes et jouissives, qui usent par moment d’un humour noir bienvenu, et des moments beaucoup plus intimes (et qui peuvent casser un peu le rythme du film de par leur longueur) mettant en valeur les personnages (héros ou bien antagoniste). Oui, le film d’Antoine Fuqua a beau être classique au possible dans sa structure narrative et scénaristique, il divertit avec classe.
C’est d’ailleurs le mot que vous retiendrez après avoir vu Equalizer, tant le long-métrage arbore un style léché. Notamment en ce qui concerne son ambiance assez sombre et intimiste mise en valeur par la photographie de Mauro Fiore, la mise en scène d’Antoine Fuqua qui se permet quelques ralentis utilisés à bon escient (le plan où le personnage principal s’avance vers son adversaire, arme à la fin, sous une pluie battante causée par un système anti-incendie, est de toute beauté) et la musique d’Harry Gregson-Williams. Tous ces ingrédients réunis font d’Equalizer un thriller d’action diablement palpitant, voire même épique, qui arrive à faire oublier d’une traite la majorité des blockbusters qui ont sévis cet été (dont Lucy et Expendables 3). Et qui, surtout, fait passer les tentatives de retours signés Stallone and co (Le dernier rempart, Du plomb dans la tête, Sabotage…) pour des tacherons maladroitement nostalgiques.
Si Equalizer n’a rien d’exceptionnel sur le papier, il n’en reste pas moins l’un des meilleurs représentants actuels du thriller d’action, étant réalisé avec classe et servis par un casting au petits oignons. Si certains peuvent crier face à une telle note, surtout pour un tel film, il faut vous remettre les idées en places : Equalizer est un divertissement, ni plus ni moins. Qu’il fasse passer le temps est déjà bien en soit. Alors, quand le projet aboutit avec savoir-faire sur un véritable spectacle jouissif et qui donne envie au spectateur de ne pas en louper une miette jusqu’au générique de fin, la note n’en est que plus méritée !