Sortie en 2014, The Equalizer premier du nom c'était imposé comme un vigilante movie assez sympathique. Adaptation peu fidèle d'une série des années 80, il était surtout marqué par un style visuel plaisant avec ses scènes d'actions stylisées et un Denzel Washington en grande forme. Il souffrait d'un scénario peu profond et assez prévisible ainsi qu'un rythme pas toujours à la hauteur mais l'entreprise était suffisamment convaincante pour laisser sa chance à une suite. Antoine Fuqua revient à la réalisation et signe ainsi sa quatrième collaboration avec Denzel Washington, lui qui a surtout eu une carrière peu brillante où l'éclectisme de ses films cachent surtout un profond manque d'identité.
Pourtant Antoine Fuqua reste un faiseur expérimenté et il signe une réalisation plutôt correcte qui bénéficie surtout de quelques idées de mise en scène assez audacieuses et relativement bien exécutées. Voulant pousser le concept du film un peu plus loin, il apporte de vraies idées de cinéma et permet à cette suite de bénéficier à quelques moments de séquences ludiques mais qui malheureusement reste que des améliorations de ce qui était déjà là dans le premier film. Il y a finalement peu de nouveautés, il se contente souvent de faire plus gros que dans le précédent opus mais sans jamais offrir de l'inédit comme dans un climax à l'environnement certes original mais qui reste le même principe de jeu de chat et de la souris employé dans le climax de l'épisode d'avant. Surtout que le montage s'avère bien moins maîtrisé ce qui amoindrit des scènes d'actions beaucoup trop illisibles en raison de trop nombreux cut qui viennent parfois réduire l'impact des plans les plus élaborés. Il reste quand même un savoir-faire par instant plus fulgurant que le premier film mais aussi moins efficace sur la durée car il repose sur un rythme encore une fois aux fraises et un script bordélique.
Le scénario du précédent opus n'était pas vraiment surprenant ou particulièrement mémorable mais il disposait d'une intrigue simple et claire qu'on suivait du début à la fin. Le héros voulait protéger une jeune prostitué et se retrouvait au milieu d'une histoire sordide et permettait de créer un lien émotionnel assez fin mais bien présent dans la relation entre le protagoniste et sa jeune protégée. Sauf qu'ici, le scénario est une accumulation de sous-intrigues sans vraiment de fil conducteur. L'intrigue qui veut faire office d'élément principal se voit noyer et parasiter au milieu du reste. Cette suite affiche pourtant la volonté de creuser le passé de son héros pour l'épaissir mais l'ensemble tombe à plat car cela manque de focus. Tout comme lorsque le film rejoue la carte du héros qui prend un jeune sous son aile mais qui sert ici que comme un élément pour créer un enjeu lors du climax. Le film lance tellement d'éléments d'intrigues et de pistes narratives qu'il perd le fil de son propre déroulé et finit par sonner faux lorsqu'il se replonge dans son intrigue "principale". Cette dernière se lance bien trop tard et même si elle livre quelques bons moments comme les premiers face à face entre le protagoniste et ses adversaires, le tout n'a pas le temps d'être pleinement développé. Et c'est pas forcément aidé par un casting entre le mauvais jeu, Melissa Leo catastrophique, et le sous-jeu, Bill Pullman et Pedro Pascal qui sont ici pour cachetonner, où juste Denzel Washington arrive à maintenir l'ensemble un peu debout. Même si il est clairement plus fatigué que lors du premier film.
The Equalizer 2 est une suite moyenne. Rythme faiblard, scénario diffus qui accumule des sous-intrigues stériles qui parasite l'histoire centrale et un casting peu inspiré viennent parasiter un film qui possède pourtant de sérieuses qualités. Mais ces dernières ne peuvent jamais pleinement s'exprimer et finissent par créer ici et là de vrais bons moments mais qui fonctionnent indépendamment de l'expérience globale. On aurait aussi aimé un montage moins précipité lors des scènes d'actions qui parfois entrave les idées de cinéma mais celles-ci on le mérite d'être présente et d'offrir des moments ludiques et plutôt audacieux. The Equalizer 2 apparaît donc comme un film légèrement gâché où s'affronte une écriture en pilotage automatique et des idées visuelles bienvenues. En résulte un film bâtard, jamais vraiment convaincant mais qui se montre pourtant loin d'être foncièrement déplaisant.