Un monde aseptisé où les sentiments sont interdits
Equilibrium
Film américain de science-fiction de Kurt Wimmer sorti en 2002.
Synopsis
Le film se déroule dans un monde utopique post-apocalyptique, Libria, en 2070. Le monde a vécu un terrible holocauste nucléaire. Les survivants, atterrés par leur propre déchéance, ont cherché à trouver un remède à l'inhumanité de l'Homme envers l'Homme. D'aucuns pensèrent alors que ce qui conduit l'Homme à ces extrémités est sa faculté émotionnelle, sa capacité à ressentir, à désirer, à haïr. Ils proposent alors un remède simple mais efficace contre ce mal : le Prozium. Le Prozium (la ressemblance avec une autre substance bien connue n'est sans doute pas un hasard), est une puissante drogue qui a pour effet de neutraliser les sentiments, de ne plus permettre à la haine, à la violence et à la colère d'exister ... tout comme les nobles sentiments qui ne peuvent plus s'exprimer. Ainsi, amour, passion, joie, tristesse et toutes les autres formes de sentiments existants ont été « sacrifiés » pour permettre à la société de vivre en harmonie, en paix.
Ce Prozium, que tous (y compris les enfants) prennent désormais sans réfléchir, dans un automatisme extrême, a permis à une société pseudo-religieuse de s'installer. Ainsi, il existe une vraie société hiérarchisée autour de l'ordre des Tetra-Grammatons dont la tête est le Père et dont la main exécutive, les soldats de l'ordre, sont les Recteurs Grammatons ou Ecclésiastes.
Ces Ecclésiastes sont formés à la détection et l'éradication des déviants émotionnels (des rebelles qui refusent de prendre leur Prozium ou qui osent avoir des sentiments et protègent des œuvres d'art - tableaux, des livres proscrits par les Tetra-Grammatons). Ils ont, pour les aider dans leur tâche, développé un art martial d'une terrible efficacité : le « Gun-Kata » (Kata des armes à feu) qui allie dextérité et utilisation d'armes à feu.
Cela leur permet de juguler la montée des rebelles, et même de les affaiblir, voire de les faire disparaître à courte échéance.
Au cours d'une « descente aux enfers » (comprendre « éradication d'un groupe de rebelles »), John Preston (Christian Bale), le plus haut gradé (et le plus doué) des Ecclésiastes Grammaton, s'aperçoit que son coéquipier, Partridge (Sean Bean) montre quelques signes d'une possible déviance émotionnelle. En parfait Ecclésiaste Grammaton, Preston le dénonce à son supérieur, Dupont (Angus Macfadyen) et se charge de l'éliminer. Mais, malgré le Prozium qu'il prend, il ressent un certain sentiment de remords.
Après l'élimination de Partridge, un nouvel équipier, Brandt (Taye Diggs), lui a été affecté. Tout a l'air de se dérouler comme avant... jusqu'au jour où Preston casse par accident l'une de ses ampoules de Prozium et ne parvient pas à s'administrer sa dose à temps. Il commence alors à ressentir des émotions. Mais, étant premier des Ecclésiastes Grammaton, il cache cette faiblesse qui le condamnerait. En lui, des sentiments se font jour, et une sourde révolte contre le système se développe en lui. C'est le moment que choisit Le Père (Sean Pertwee) pour lancer une opération de grande envergure ayant pour but l'éradication totale et définitive de tous les déviants émotionnels.
Mon opinion sur ce film
John Preston (joué par Christian Bale, le magnifique Batman de "Batman begins") interprète à la perfection un agent du pouvoir, véritable robot humain, chargé d'éliminer tous ceux qui ne respectent pas ces terribles règles jusqu'à ce qu'il se rende compte de l'horreur absolue des ordres absurdes et inhumains qu'il est chargé d'appliquer. Etant l'un des plus proches collaborateurs du pouvoir, et l'un de ses plus dévoués, il est théoriquement au-dessus de tout soupçon. Mais c'est compter sans le système qui, comme tout système totalitaire, espionne ses propres espions... Parce qu'il est justement entraîné à ne pas écouter ses émotions, il parvient cependant, in extremis, à renverser la vapeur et mettre à bas la tyrannie.
En voyant ce film, j'ai bien entendu pensé à Farenheit 451, le livre de Bradbury, publié en 1953, dont Truffaut a réalisé une très belle adaptation (1966). Dans Fahrenheit, les pompiers se "contentaient" de brûler les livres (et accessoirement les personnes que l'on trouvait avec des livres) et la résistance consistait à "devenir un livre" en l'apprenant par cœur. C'était déjà terrifiant mais le monde d'Equilibrium est mille fois pire. On pense aussi bien entendu à Matrix et à Bienvenue àGattaca pour l'aspect utopique d'une société qui, sous le prétexte de rendre l'homme meilleur, instaure un ordre totalement déviant.