Film fauché dont les génialissimes ingénieurs marketing de chez Miramax ont eu le génie de comparer à Matrix pour le vendre (c'est ce qui arrive quand on fait du commerce à l'aveuglette), Equilibrium n'a pourtant pas vraiment de quoi en être jaloux. 'fin si, les vestes en cuir du chef d'oeuvre des Wachowsky (rire étouffé) en jettent plus que les manteaux de prêtres en solde du film de Wimmer. Mais bon, un gros budget ne fait pas un bon film. CQFD.
Alors effectivement si on pinaille un peu la sémantique religieuse et les manteaux noirs peuvent faire penser à Matrix, mais si on pinaille un peu Matrix c'est du rien qui fait penser à beaucoup de choses.
Bien.
Empruntant à Orwell un monde sous dictat d'un grand frère bienveillant et protecteur, Equilibrium nous dépeint une humanité aseptisée, débarassée (grâce à une drogue intelligemment baptisée "Equilibrium") de ses émotions, de la plus bestiale à la plus douce, privée même de ses livres et du reste de son héritage artistique et intellectuel, et donc par extension de son narcissisme et de sa fierté. Plus de pensée individuelle, plus de passion, plus de colère, plus d'amour, plus de joie, plus de rêves, plus de films de boules.
Bref, un balais dans le rectum.
Imaginez un monde où tout le monde tire la tronche, pense pareil, s'habille pareil, doit être productif et bien pensant, le tout sous l'œil percant d'une autorité toute puissante et aliénante. Non vous n'êtes pas dans une entreprise japonaise, vous êtes à Libria en 2070.
Imaginez un monde où même le fils de Christian Bale à une tête de connard.
Imaginez un monde où Sean Bean ne meurt pas avant la fin du film. Ah merde c'est pas celui là.
Imaginez une scène de gun fight dans l'obscurité avec sa gestuelle si particulière et son jeu mouvement/éclairage foutant à elle seule et en 10 secondes un bon coup de pied au derche des frangins Vashiéoski.