Une déception, mais pas un mauvais film pour autant.
L'action d"Equilibrium" se déroule dans une société dystopique qui, après un énième conflit ayant failli détruire l'humanité toute entière, a décidé de se protéger de ce qui mène les Hommes à s'entre-tuer: les émotions.
Chaque individu doit quotidiennement prendre sa dose d'un produit particulier, le prozium, qui l'empêche de ressentir un quelconque sentiment (amour, haine, empathie, colère, etc...)
Dans ce "meilleur des mondes", les "ecclésiastes", sorte de guerriers d'élites au service du gouvernement, mènent une lutte acharnée contre les "résistants" refusant le prozium et manifestant des signes d'émotivité.
Le personnage principal (Christian Bale) est l'un d'eux. Accompagné de son partenaire (Sean Bean), il traque ces réfractaires à l'ordre nouveau.
En fait, ce qui m'a gêné tout au long du visionnage, c'est cette impression d'un film pris "le cul entre deux chaises".
Partagé entre sobriété et besoin d'incruster des effets spéciaux du plus mauvais effets (les Zeppelin volant dans la ville principale...), partagé entre aborder cette histoire comme un comte simpliste faisant hommage à la littérature et au cinéma du genre ("Le meilleur des mondes", "1984", "Matrix"...) ou comme un récit complètement cohérent... Le film est bancal, mais contient de bonnes idées et reste attachant.
Certaines scènes sont réellement déchirantes (la confrontation entre Bale et son équipier, Christian Bale assailli par des montagnes d'émotions incontrôlables après avoir arrêté de prendre ses doses, tombant en pleurs au sol...).
Le scénario prend le parti de passer à côté de certains clichés. Les scènes où le protagoniste tente de protéger un chien, peuvent par exemple sembler stupide, mais elles sont tout à fait cohérentes si l'on considère qu'il vient à peine d'expérimenter ce qu'est "ressentir" et qu'il est totalement perdu dans le sens de ses priorités. De même, son fils que l'on pressent comme malfaisant et dangereux dans la première partie du film se révèle au final tout aussi humain que lui.
L'idée des "katas d'armes à feux" est également bonne et justifie de scènes de gunfights invraisemblables mais plaisantes (même si un peu fauchées), surtout dans la seconde partie.
Maintenant, les gros bémols. Ce film transpire les hommages mal assumés à "Matrix" et l'action est loin de la révolution visuelle amorcée par les Wachowski (datant pourtant de 1999 alors qu'"Equilibrium" est sorti en 2002...). Le budget du film ayant pas l'air énorme, on comprend d'autant moins la volonté d'aller se battre sur ce terrain.
La seconde partie est une succession de raccourcis scénaristiques mal amenés et assez incompréhensibles, le grand méchant a le charisme d'une moule, la romance entre Bale et l'ex-compagne de Sean Bean arrive un peu comme un cheveu sur la soupe...
Reste un Christian Bale très convaincant, souvent touchant, un bon postulat de base, mais une réalisation hésitante dans ses partis-pris.
La seconde partie du film est très bancale, rendant compte avec succès de l'évolution du personnage, mais se plantant complètement sur la mise en place d'une intrigue cohérente.
Je pense qu'il est préférable d'aborder "Equilibrium" comme une fable sans prétentions dans son scénario et se concentrer sur l'intention. On peut passer un agréable moment si on est pas trop regardant.