Sorti en 1977, "Eraserhead" marque les débuts audacieux de David Lynch dans le long-métrage, s'imposant rapidement comme une œuvre singulière et dérangeante dans le paysage du cinéma indépendant américain. L’histoire, à la fois minimaliste et cauchemardesque, suit Henry Spencer, un homme perdu dans un univers industriel oppressant, contraint de faire face à la naissance d’un enfant difforme qui cristallise ses angoisses existentielles et ses peurs les plus profondes. Lynch construit un univers visuel d’une densité saisissante, où chaque élément du décor semble suinter l’inquiétude et la désolation. Le noir et blanc granuleux renforce cette sensation d’étouffement, tandis que l’utilisation d’un design sonore oppressant participe à l’atmosphère pesante et hypnotique du film. L’absence de repères narratifs traditionnels plonge le spectateur dans un état de malaise diffus, oscillant entre absurde et terreur sourde. Alors que le film fascine par son audace, il peut aussi rebuter par son hermétisme et son rythme lent, qui exigent une réelle immersion de la part du spectateur.