Watergate

Elle est deux fois divorcée, elle élève seule ses 3 enfants, endettée, elle a du mal à trouver un boulot et n'a pas de diplôme, elle parle un langage pas vraiment soutenu, porte des talons-aiguilles plus longs que ses jupes... Elle, c'est Erin Brockovich et sera à l'origine d'un scandale sur l'empoisonnement par une grande et puissante compagnie d'électricité.

Steven Soderbergh se lance dans une adaptation d'une partie de la vie de cette femme, rentrant assez vite dans le vif du sujet et se montre assez malin pour en éviter les pièges, clichés et caricatures que les histoires vraies (label dont il faut toujours s'inquiéter) peuvent engendrer. C'est là que se trouve la force d'Erin Brockovich, seule contre tous, dans le savoir-faire et le talent du metteur en scène d'Ocean's Twelve sachant construire puis mener son récit avec efficacité et brio.

Il propose avant tout un remarquable portrait de femme devant faire face à un monde cruel voire machiste, et on a aucun mal à s'attacher à elle. Soderbergh braque sa caméra sur elle, sa façon de vivre, ses relations amoureuses et avec ses enfants et surtout comment elle va s'attaquer à cette fameuse affaire. Le scénario est bien écrit tandis que l'oeuvre est captivante de bout en bout et surtout assez efficace. On pourra néanmoins regretter que l'émotion n'est pas forcément présente et qu'on ne ressente pas une atmosphère qui va dans ce sens.

Si Soderbergh se fend d'une critique des grosses compagnies et de leurs fonctionnements, ça reste tout de même plutôt léger bien que le but du film ne soit pas forcément là. Il alterne entre plusieurs tons, n'oubliant pas quelques touches d'humours, et arrive à créer des seconds rôles consistants, notamment Georges et Ed. La bande-originale signée Thomas Newman colle parfaitement bien au récit tandis que l'oeuvre est portée par une remarquable Julia Roberts qui trouve là l'un de ses meilleurs rôles (et qui sera justement récompensée de l'oscar de la meilleure actrice).

Avec Erin Brockovich, seule contre tous, Steven Soderbergh signe une oeuvre plutôt sobre et efficace sur le destin d'une femme face à un monde cruel et sans pitié, portée notamment par une excellente Julia Roberts.