MILF

       Erin c’est un sacré bout de femme, une qu’on aimerait tous rencontrer un jour. Avec deux enfants sur les bras, et une taille mannequin, ça c'est le positif, pas de boulot, pas de mec, en galère complète, voilá un cas intéressant à  étudier. Tout pour faire un mélo rose, à l’eau de Cologne Dior ou Chanel, c'était le danger. Heureusement, Soderbergh  est adepte du gant de velours, et de la coupe de champagne millésimée. Á pas de velours; point de démonstration de force virile, il fait de son polar juridique un authentique divertissement.
L’histoire est archi classique. Erin, seule contre tous. Et Julia marche sur l’eau, une Erin impériale de bout en bout. Séduisante, même et surtout quand elle met les deux pieds dans le plat, même quand elle est gauche, on lui pardonne tout. Elle va au charbon, la nana; mais même quand elle sort d’une bouche d’égout sale, à la recherche d’un indice pour son enquête, elle ressort propre, belle, et ne perd pas une once de féminité. Battante, téméraire, naïve, un peu vulgaire, c’est une working girl qui s’ignore, avec un avantage de taille ; un cerveau qu’on ne voit pas tout de suite, à cause des seins qu’elle met avantageusement en avant pour tromper les idiots. Grâce aussi à sa mémoire XXL, (elle retient tout par cœur), mémoire d’éléphant, et vraie machine de guerre et de charme. Erin go!

    Telle est la faiblesse des hommes, et la force de la MILF dans toute sa splendeur. Insupportable aussi. Elle est insuportable. Elle parle trop, tout le temps, jure comme un maçon polonais, semble fragile en apparence; une vraie perle en fait. Á rencontrer dans un speed dating un de ces jours, Erin.

Voilá un rôle servit sur un plateau, pour une actrice talentueuse, qui a assez de métier pour tenir son rôle de « fausse » femme à la dérive, vrai héros, avec la touche d’humour qui s’impose, sans avoir besoin de cabotiner. Un vrai bonheur pour le spectateur amateur ou averti.
Vous avez le blockbuster selon Soderbergh, succès de l’année. Champagne. Une histoire de pollution de nappe phréatique, des riverains démunis, laissés seuls fasse à un monstre bureaucratique, et une multinationale? C'est une histoire qui va nous rappeler bien des scandales écologiques... Mais pas de panique, Erin est là.

    L’histoire est vraie, mais elle pourrait très bien être fausse tellement c’est GROS. Comment arriver à mettre une multinationale à genoux, avec comme seules armes, une ténacité hors pair, de longues jambes mises en valeur par des mini jupes serrées, (elle a été miss Wichita quand même!), Erin héroīne du quotidien, avec un ou deux partenaires mâles bien choisis, elle va y aller, à la niaque. Et le talent fera le reste.

   Erin femme parfaite de cinéma. Un vrai héros américain, avec des couilles, et en talons aiguilles de 10. Servie pour une comédie dramatique agréable à regarder, et des airs de polar. Erin seule contre tous ? Non. Les mâles sont désarçonnés, ou désabusés, mais sont là sous le charme comme son boss, joué par l’excellent Albert Finney. Et les cartes sont redistribuées. Á tout roi, il faut une reine, Aaron Eckhart va jouer le rôle de petit copain biker, baby-sitter, femme au foyer, pendant que miss B. va aller sauver le monde. Aaron sous le charme aussi, comme les autres. Ses enfants seront tour à tour solidaires, ou jaloux de ce travail sans temps mort qui sort de nulle part, casse le foyer, et leur vole leur mère. Mais c'est pour la bonne cause les enfants.
Les avocats sortis de Princeton ou toute autre grande école, vont halluciner. Ils voient arriver un truc imprévu, une tornade rousse qui n'a peur de rien, et emporte tout sur son passage; une MILF accomplie dans toute sa splendeur. Son acharnement (naïf), à vouloir justice, (à tout prix) fait tout son charme, et va révéler des ressources insoupçonnées pour renverser la situation, même quand ça semble perdu d'avance.

    Tout sonne juste. Bon mélange entre divertissement et enquête, bons sentiments et « action ». Le combat semblait déséquilibré, une contre un ennemi surpuissant, qui a tout son temps, de l'argent, et un arsenal juridique effrayant à sa disposition. Mais nous sommes aux USA. Tout est possible, et les héros américains ne jouent que la gagne, tout le monde le sait, c'est ce qui fait leur charme.
 Filmé presque intimiste, on a un film très optimiste finalement, avec un message en forme d’avertissement : « N’abandonnez jamais! Vous risquez une seule chose, c’est de gagner ». Les scènes de confrontation sont savoureuses. Soderbergh arrive à mettre de la légèreté, là où on attendrait de la dramatisation à outrance, voire du glauque. Le polar comédie club, la leçon de morale, et une actrice majeure dans l’un des plus beaux rôles de sa carrière. Vas-y, Erin! Vas-y!
On t'aime.