Erotikon
7.2
Erotikon

Film de Gustav Machatý (1929)

Jusqu'à ce que le film commence, je croyais voir Extase en me disant que j'allais enfin découvrir le rôle qui rendit "célèbre" Hedy Lamarr. Et bien non, ça sera pour plus tard et mine de rien ce malentendu résume bien la situation dans lequel est tombé le cinéaste Gustav Machaty, réduit à un titre, pas forcément pour les bonnes raisons, et faisant office d'arbre cachant la forêt. C'est fort regrettable puisque Séduction/erotikon est une vraie merveille, le genre de film qui fait une fois de plus constater que le cinéma muet avait atteint une plénitude et une sophistication dans son langage. La photographie est somptueuse et très raffinée avec des contrastes très marqués, le sens du cadre est souvent inventif représentant uniquement par l'image des conflits psychologiques et la caméra se permet quelques mouvements audacieux comme lorsqu'elle est accrochée au buste du Don Juan, cadrant son visage qui se penche sur sa "proie" allongée sur son lit. Et on est plusieurs décennies avant Seconds ou Le destin d'un homme ! Le plan est d'ailleurs très court et le cinéaste ne cherche pas à épater la galerie. Il est toujours centré sur ses personnages. Le début est ainsi d'une sensualité extraordinaire où l'on ressent les palpitations et ses accélérations, la montée du désir et l'attraction des corps avec quelques métaphores très subjectives sur l'orgasme (goutte d'eau en très gros plan sur le carreau d'une vitre suivi d'un plan sur une fleur sur le rebord de celle-ci).
Une première partie qui n'a absolument pas à rougir de ses presque 90 ans et qui a de quoi en apprendre à bon nombre de cinéastes en activité.


La suite est moins novatrice car plus centrée sur la désillusions, les tensions dramatiques et les doutes qui assaillent chacun des 3 personnages principaux. L'écriture est à ce titre complexe, ne cédant à effets ou formules faciles. Le climax est pour ainsi dire une partie d’échec habilement découpé. On n'est ainsi pas dans le mélodrame tragique mais le lyrisme contenu et le frémissement intérieur pour une intensité dramatique particulièrement touchante pour son trio (voire quatuor) prisonnier de leur passion, très bien définie par la construction du scénario parfaitement crédible malgré plusieurs raccourcis.

anthonyplu
8
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le 20 juin 2018

Critique lue 304 fois

4 j'aime

anthonyplu

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