C’est la rentrée et quoi de mieux que d’attaquer avec un film sur l’école, genre à part entière qui a donné le meilleur comme le pire. « Escalier interdit » (1967) de Robert Mulligan et de loin ce que j’ai vu de mieux dans le genre. Le film évite tout les poncifs de ce type de récit, pas de wonderprof hollywoodiens style Michelle Pfeiffer pour redresser les torts, pas de teacher farfelus pour vous apprendre la vie avec des méthodes alternatives en cueillant des roses, comme Robin Williams. Mulligan orchestre avec maestria ce chaos ambiant et nous fait partager les angoisses et les (petites) réussites d’une prof pleines d’idéaux, immergée dans un milieu hostile, une figure d’anti-héros individualiste comme les aime le cinéaste. Il n’en oublie pas pour autant de faire du cinéma et de faire vivre ses personnages, on est pas dans le semi documentaire comme chez Laurent Cantet, le film n’en est que plus convainquant. Il rappellera même à certains quelques vrais moments vécu au lycée, et ce malgré la différence temporelle et géographique de l’histoire. Preuve de sa grande pertinence et de son universalité. Quelques mots pour finir sur Sandy Dennis, dont la performance frôle la perfection, loin des méthodes de l’actor studio elle campe une prof ordinaire, à la fois fragile et déterminé, sans aucun héroïsme. Le film n’a en tout cas rien perdu de sa force et de son à propos, même en 2016, le seul rival que je lui vois sur un thème identique est la saison 4 de « The Wire ».