Pour peu que vous ayez déjà essayé un véritable escape game, de ceux qui ont essaimé ces dernières années, il y a forcément un point qui ne vous a pas échappé : qu’est ce que le temps passe vite ! Eh oui, les 60 minutes que durent en moyenne la partie semblent vous filer entre les doigts et vous avez beau trouver des codes sous les tapis, des clés dans des tiroirs et toutes sortes de choses cachées dans les 9 mètres carrés de votre « cellule », rien à faire, il vous faudrait bien un bon quart d’heure de plus pour sortir de là avec les honneurs dus aux champions de l’évasion. C’est donc avec une véritable admiration que j’ai constaté la rapidité avec laquelle les six héros du film enchaînaient les différentes salles auxquelles ils se retrouvent confrontés. Cinq en moins de 100 minutes, moi je dis chapeau ! A croire que gagner 10 000 dollars, la récompense promise et rester vivant par la même occasion constitue une motivation on ne peut plus efficace pour ne pas traîner en route. Dont acte.
Il faut dire que c’est à un Escape Game XXL auquel nous convie le réalisateur. Les différents espaces que traversent nos aspirants à l’adrénaline sont particulièrement bluffants. A l’opposé du dépouillement métallique de Cube, film alpha du genre, ou de la rusticité en trompe l’œil du malin La Cabane dans les bois, le film d’Adam Robitel met le paquet en termes d’architecture intérieure. A chaque nouvelle pièce du jeu, les aventuriers grillent quelques neurones pour sauver leur peau, mais ils doivent surtout faire preuve de sang froid face à un labyrinthe à géométrie létale qui n’entend pas les laisser souffler un seul instant. Entre un cabinet de curiosités réduit en morceaux façon compresseur à ordures (clin d’œil à Star Wars), une salle proprement renversante et une autre psychédélique à souhait, on ne peut que se réjouir de tant d’inventivité dans les décors. Mais si ces derniers soufflent le chaud et le froid, on regrettera en revanche que le scénario soit aussi tiède.
En effet, à quoi bon inventer des espaces aussi originaux et des règles du jeu dont les maîtres-mots sont déduction et perspicacité si c’est pour y convier des personnages aussi caricaturaux et les faire disparaître de la façon la plus triviale qui soit. D’autant qu’on ne perçoit dans le scénario ni l’humour parodique à l’œuvre dans la Cabane dans les bois, ni même un soupçon d’ironie à l’égard de ces six figures stéréotypées. Quant au déroulement des péripéties, il suit une trajectoire relativement linéaire, où la seule véritable rupture est l’occasion d’une scène de bagarre dont la résolution à l’arme à feu, attribut rédhibitoire de l’auto-justice U.S, parait complètement incongrue. A l’image d’un final invraisemblable qui invite à une seconde manche qu’on n’a plus vraiment envie de jouer.
Donc un conseil, si vous avez quelques dizaines d’euros à dépenser entre amis, trustez l’Escape Game par procuration pour un vrai de vrai, en 60 minutes chrono. De quoi se faire un bon petit film dans sa tête.
Personnages/interprétation : 4/10
Scénario/histoire : 4/10
Réalisation/musique/photo/décors ++ : 7/10
5/10
Critique originale publiée sur Lemagduciné