Un film de 1940 qui rentre dans la catégorie « films de propagande britannique réalisés par Michael Powell », un an après Le lion a des ailes dont il était co-réalisateur, et avant les bijoux bien plus personnels que sont notamment Le 49ème Parallèle (1941) et Le Colonel Blimp (1943). Sorti en 1940, Espionne à bord marque surtout la première véritable collaboration entre le cinéaste anglais et son compère d'origine hongroise Emeric Pressburger : si ce dernier était intervenu en deuxième main sur le scénario de L'Espion noir, tourné en 1938 et sorti l'année suivante, les deux hommes sont ici, pour la première fois, associés dès le départ. Ils retrouvent d'ailleurs les mêmes stars que dans le précédent, Conrad Veidt et Valerie Hobson, pour une nouvelle histoire d'espionnage située cette fois-ci dans la Seconde Guerre mondiale, qui a éclaté quelques mois plus tôt.
Le film part sur une histoire de marchandise de contrebande trouvée par la douane britannique dans les cales d'un navire danois commandé par Veidt, mais passe rapidement à une affaire d'espionnage nocturne lorsque la passagère interprétée par Hobson quitte le bateau en douce pour se rendre à Londres. Veidt la suit, la retrouve, et se retrouve aux prises avec un réseau d'informateurs nazis. Tout cela est assez classique et convenu, mais il plane sur cette histoire un petit parfum nordique insolite et rafraîchissant, notamment lors des scènes au restaurant « Les Trois Vikings » et pendant une mémorable bagarre dans un night-club entre les Danois et des rugbymen anglais. C'est un film rondement mené et assez léger, dont on comprend qu'il eut un certain succès auprès du public de l'époque, et qui pose les premiers jalons de l'une des plus remarquables collaborations de l'histoire du cinéma.