On s'est tous un jour pris Brigitte Bardot dans la tronche. Pas littéralement. Mais à un moment dans notre vie, que ce soit en zappant à la télé, dans un documentaire sur les années 60, sur la nouvelle vague, sur Serge Gainbourg, sur le cinéma français, sur le cinéma américain ou sur la survie des bébés phoques, on nous a parlé de Brigitte Bardot. En nous promettant que loin de la figure de la femme réac, stupide et moche qu'elle reflétait actuellement, on nous disait qu'on pouvait pas comprendre parce qu'on avait pas vu "Et Dieu... créa la femme". Et pour montrer à quel point de film était une révolution le commentaire était illustré par la scène où Bardot se trémousse sur un air de mambo.


Je suis tombé sur ce film, avec mon père, sur Arte, alors qu'il était commencé depuis une demi-heure et on est resté dessus en attendant que ma mère finisse de coucher mes neveux. C'est dire à quel point c'était "Faute de mieux." C'était mal parti, mais même en ayant rien d'autre à faire, la platitude de la réalisation, des dialogues et le manque d'ambition du scénario ont fait que plus d'une fois je me suis levé pour aller manger un truc dans la cuisine, pour aller pisser et pour aller sur wikipédia afin de voir si en lisant un résumé du début du film, j'arriverais à mieux en comprendre ses enjeux.


"Juliette, sublime de beauté et de sensualité, fait chavirer les cœurs dans le petit port traditionnel de Saint-Tropez. Trois hommes se disputent l'amour de cette jeune orpheline insouciante."


Le résumé à l'air maigre ? En fait, c'est limite un script détaillé. Tout tourne autour d'une jeune fille très belle mais qui s'ennuie à mourir dans un village de pauvre ploucs (St Tropez, qui deviendra grâce à ce film, un village de riches ploucs) et qui allume (ou se fait allumer) par un vieux bellâtre et deux frangins. L'un des deux l'épouse, mais avec le temps elle finit par le tromper avec son frangin. L'epoux est vénère, il tente de lui tirer dessus pendant qu'elle danse le mambo (la fameuse scène... sympa mais à côté de ses pompes) il lui colle deux claques et ils rentrent ensemble dans leur vieille maison de pêcheur où bien calmé elle lui fera des marmots jusqu'à son cancer. (Et ce film passait pour féministe il y a 60 ans !)


Alors certes, le film est considéré comme féministe parce qu'elle fut la matrice du modèle Bardot (et écrit autour de l'actrice ) : une femme libérée, sexuellement attirante, qui semble prendre autant plaisir au sexe et à la séduction que les hommes. Mais au final, ça donne limite l'impression que le film explique plus à quel point "les hommes sont capables de s'illusionner par simple envie de fourrer de la schneck." La demoiselle est vulgaire, pas très intelligente et semble s'ennuyer sans arrêt.


Il faut dire que ces monsieur sont tous austères et peu dégourdis. Moi, quand je vois la fameuse scène de mambo, je me dis que fasse à ça, ma réaction serait d'aller danser avec elle. Non, ici, ils tirent à coup de pistolets, puis on leur répond "mon dieu mais tu as perdu la tête" et on vous demande de rentrer à la maison avec votre femme sous le bras. C'est les années 50, faut pas chercher à comprendre.


Comme souvent dans ce genre de films surestimés, ce qu'il y a autour est plus intéressant que ce qu'il y a dedans. La soirée sur Arte s'est fini avec un reportage assez touchant sur Vadim (qui sous-entendait qu'il était plus un "chic type", un découvreur de talent et un filmeur nonchalant qu'un réalisateur et scénariste de génie) un docu complètement pété de la pulpe sur Bardot (qui n'hésitait pas à expliquer le phénomène tout en s'autorisant à dire qu'en chanteuse c'était pas ça ...) et j'ai lu des anecdotes sur wikipédia assez instructive. J'ai donc su qu'un archevêque a menacé d'excommunication tout ceux qui ont vus ce film.... Ma soirée sur Arte sera a rajouter sur la liste des raisons complètement arbitraires de mon arrivé aux enfers.

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le 29 déc. 2016

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