Fort d’un casting prestigieux et d’un concept audacieux rappelant celui de Westworld signé Michael Crichton (1973), The Stepford Wives ne parvient pourtant pas à dépasser le simple divertissement pour atteindre la subversion exigée par son postulat et se perd dans un dédale d’images et de reflets qui ne disent rien, ou si peu, de la place de la femme définie par l’Amérique puritaine. Le scénario, inspiré du roman de même titre écrit par Ira Levin, mêlait adroitement les genres : son utopie recourait ainsi au fantastique puis à la science-fiction, à la satire et au drame poignant. C’est cet entrelacs des tonalités que ne réussit pas Frank Oz : les situations comiques semblent forcées et échouent à nous faire rire, l’effroi que devrait susciter la découverte progressive de la réalité de Stepford s’anticipe trop vite. Nous avons l’impression que le cinéaste, assommé par les clichés qu’il représente pour s’en moquer, finit par s’y aveugler et délaisse son propos véritable : il accumule des scènes hétérogènes dans l’espoir d’atteindre un équilibre des forces. Équilibre qui n’advient jamais.
La clausule du long métrage révèle néanmoins un parti pris audacieux : que le modèle de la ménagère constitue non plus l’expression de la seule domination masculine mais le fantasme d’une femme ternie au contact de la société capitaliste contemporaine est un retournement passionnant en ce qu’il attribue la responsabilité d’une telle domestication aux deux sexes, ultime pied-de-nez à la dichotomie défendue depuis le début. Dommage que cette bascule dramatique n’eût été préparée et explicitée en amont ; sa gratuité la réduit à une simple pirouette scénaristique qui dissone autant que le reste de cette production bancale.