Retour à Koker.
Ce qui frappe toujours chez Kiarostami, c'est sa manière singulière de saisir le temps pour appréhender le réel. Son projet de cinéma, c'est de saisir la vie - ou ce qu'il en reste comme ici ; et...
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le 31 janv. 2015
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Première rencontre avec le cinéma d'Abbas Kiarostami, Et la vie continue a provoqué chez moi l'effet d'une révélation. De celle qui marque durablement la représentation artistique que l'on se fait du cinéma.
Pour remettre rapidement l'histoire dans son contexte : le récit prend place dans la région de Koker, théâtre de Où est la maison de mon amie ?, un des précédents films du réalisateur (daté de 1987) et frappé en Juin 1990 par un tremblement de terre. Kiarostami propose ici une mise en abyme de son récit : un acteur interprète le rôle du réalisateur qui se rend dans la région dévastée à la recherche des acteurs qui tenaient les rôles majeurs de son précédent film. A cela s'ajoute un élément de fiction important : la présence du "fils du metteur en scène, qui l'accompagne dans ce road-movie. Enchâssé entre fiction et réalité à la manière des classiques du néo-réalisme italien (Rosselini, Pasolini), le film est un récit d'initiation qui conte le portrait d'une région sinistrée et la résilience de ses populations.
Pudique, Kiarostami filme avec une élégance unique le sort de ces populations. Avec la voiture comme unité de lieu (que l'on retrouvera de nouveau dans sa Palme d'or pour Le goût de la cerise, la simplicité du dispositif de réalisation permet de réaffirmer la puissance du message du film : celui de la sobriété et des bonheurs simples de la vie. De rendre grâce à celle-ci pour ses moments les plus chers, envers et contre tous les drames, ce que montre entre autres le mariage de ce couple au lendemain du tremblement de terre, où l'effervescence toujours présente des villageois pour la coupe du monde de football.
« Ecoute, la finale de la Coupe, c'est tous les quatre ans alors qu'un tremblement de terre, j'espère bien n'en pas revoir un avant quarante ans. »
Dans ses montagnes désolés, Abbas Kiaorostami signe un hymne à la vie, son chef d'œuvre se poursuivra sous la forme d'une trilogie sur ce même thème, à travers une nouvelle mise en abyme, de la réalisation de ce film cette fois-ci dans Au travers des oliviers, puis plus philosophique avec Le goût de la cerise.
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le 23 mai 2021
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