Œuvrant au sein du collectif Les Films de la mouche, Rémy Barbe réalise, seul cette fois, Et le Diable rit avec moi. Projet de fin d'études, le court-métrage circule au sein des festivals et s’est notamment fait remarquer à la dernière édition du festival de Gérardmer en recevant le prix du Jury.
L’œuvre nous place aux côtés de Samuel, jeune homme récemment célibataire incapable d’aller de l’avant suite à cette rupture. Une situation des plus banale, si nous faisons fi de ses dialogues avec une entité obscure.
Oscillant entre moments passés et présents, le réalisateur défini rapidement son contexte et surtout la personnalité de Samuel. Cet état des lieux passe principalement par des discussions sur des sujets tels que le cinéma, sa place au sein de feu son couple ou encore sur les sévices qu’il aimerait infliger à autrui.
Aux travers de ces interactions, on comprend que nous évoluons aux côtés d’un être marginalisé, seul, à la situation à priori précaire et dont la seule personne, pouvant être considéré comme un ami, est le gérant d’une vidéothèque lui vendant des œuvres obscures à des prix exorbitants.
On ressent donc une forte empathie pour cet homme et suivons avec intérêt son parcours. Ses interactions avec ledit diable lui confèrent une certaine sensibilité, car elles mettent en avant ses faiblesses et ses tentatives de se ressaisir pour ne pas sombrer.
Pour accentuer la marginalisation du protagoniste, l’auteur multiplie les cadres rapprochés afin de mettre en évidence l’absence d’élément parasitant la proximité entre Samuel et le spectateur. La sensation d’isolement est ainsi renforcée.
La mise en scène est d’ailleurs un élément essentiel pour que l’ambiance soit crédible et puisse véhiculer les émotions recherchées.
Ainsi, en suivant au plus près ses personnages, nous sommes poussés à nous focaliser sur leurs réactions, leurs attitudes et à s’abreuver de leur parole. De même, en plaçant en second plan l’entité maléfique, on ne peut se prononcer sur sa réelle nature.
On est ainsi happé dans le quotidien du jeune homme, forcé à suivre ses tourments, partageant ses lueurs d’espoir et plongeant dans ses abîmes à ses côtés.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur cette pellicule telle que l’aspect prophétique de la scène initiale au vu du dénouement. Pour autant, de par l’énergie insufflée dans cette bobine et la rage qui en ressort, il est préférable de conserver les quelques surprises que réservent le court et ainsi apprécier pleinement le travail incroyable fourni par Rémy Barbe.
Électrisant, stimulant, brut, captivant, Et le diable rit avec moi fait partie de ces œuvres transpirant la passion de son créateur et lui conférant ainsi une aura qui ne pourra s’estomper. Dire que l’on a hâte de découvrir les prochains projets de cet artiste est un doux euphémisme !