Film d'ouverture lors de la 17éme édition de l’ArrasFilmFestival, Demain tout commence est le deuxième long métrage d’Hugo Gélin. Avec Omar Sy en tête d'affiche et son sujet éculé ( la vie monoparentale et ses galères), l’œuvre semblait être une comédie populaire parmi tant d'autres, le résultat n'en est que plus surprenant.
Après une scène pré-générique présentant un moment de l'enfance de Samuel, central dans sa vie d'adulte, nous sommes rapidement amenés vers l'élément déclencheur. En effet, à peine les protagonistes cernés que Samuel doit chambouler son quotidien. On saute ensuite plusieurs années pour arriver au cœur de l'intrigue. Ainsi, après une vingtaine de minutes à se familiariser avec les personnages, l'auteur peut tranquillement dérouler son intrigue.
Un des moteurs du film est la capacité du réalisateur à créer des personnages attachants. Certes, ces derniers sont plutôt caricaturaux et n'évolueront pas énormément au fil de l'intrigue, mais cela est compensé par les dialogues jouant au maximum sur la personnalité de chacun sans que cela ne paraisse trop gros. Ainsi, les joutes verbales sont savoureuses et nous offrent une palette d'émotions allant de la joie à la tristesse voir même de l'angoisse.
Cette empathie ressentit est donc possible grâce à la qualité d'écriture fournie, mais aussi à l'interprétation d'un casting cosmopolite. On retrouve, en plus d'Omar Sy, Clémence Poésy (Tunnel, Heartless), Antoine Bertrand (Starbuck), Ashley Walters (Top Boy) ou encore Clémentine Célarié. Pour autant, le film ne fonctionnerait pas si l'alchimie entre le père et sa fille n'était pas crédible et le choix d'Hugo Gélin pour incarner Gloria est des plus judicieux. En effet, Gloria Colston brille par sa prestation en réussissant à allier l'insouciance due à son jeune âge et sa maturité, lui permettant d'aider son père dans le quotidien. Un exercice peu aisé que la jeune fille réussit haut la main.
Un autre élément marquant réside dans la réalisation de l'œuvre. En effet, de par le cadrage, le choix des couleurs ou encore la mobilité constante de la caméra, donne plus l'impression d'avoir affaire à une œuvre britannique plutôt que française. Une bonne chose donc prouvant que le film évite tous les écueils propres à la comédie populaire française.
De même, l'univers, dans lequel s'ancre Demain tout commence, donne, par moment, l'impression d'être dans un sitcom. Le design de l'appartement, les faibles interactions avec le monde extérieur nous amènent à ce constat.
Pour autant, l'œuvre n'est pas exempt de défauts. La voix-off, bien qu'utile au début du film, plombe légèrement le final. L'impact émotionnel logiquement attendu est atténué par ce long monologue résumant en long et en large le parcours effectué. De même, certains éléments sont quelque peu prévisibles tels que l'identité du malade. On pourrait regretter aussi que la seconde partie s'attarde tant sur l'intrigue autour de la mère impactant la dynamique mise en place initialement. Pour autant, ce qui est perdu en rythme se compense par l'empathie que l'on ressent pour les protagonistes.
Au final, Demain tout commence est une agréable surprise réussissant à se démarquer du tout-venant de la comédie française grâce à son script mais aussi à sa réalisation. On espère que l'œuvre rencontrera son public et permettra de générer des émules, nous sortant ainsi de la médiocrité actuelle qu'est la comédie française.