Vendu par la promo habituelle comme un successeur du triomphe d'Intouchables, mise en avant de sa figure de proue et de son mini-moi, Demain Tout Commence, cependant, sort allégrement de la route ainsi tracée pour s'aventurer hors piste. Pour le meilleur, en quelques occasions, pour le pire, parfois.
Ni totalement mauvais, ni même simplement bon, le film souffle le chaud et le froid, comme s'il souffrait d'un problème de bipolarité, comme si des personnes s'étaient déchirées, pendant le tournage, pour en obtenir la garde. Vous allez me dire que cela colle, finalement, assez bien au sujet. Mais les embûches sur le chemin de la conciliation sont nombreux. Et pas des moindres.
Car passée une jolie séquence animée en guise de générique, Demain Tout Commence semble faire la promo de la nonchalance de son personnage principal, tout comme il fera, dans un deuxième effet Kiss Cool meurtrier, l'apologie de la totale inconséquence de sa mère indigne. Omar Sy a beau faire tout ce qu'il peut pour arracher un sourire, ses tentatives, rares et laborieuses, ne cessent de faire long feu, jouant ainsi avec la tolérance du spectateur. A force de raccourcis et de précipitation, celui qui a payé sa place entre dans la deuxième partie du long métrage en terrain connu, celui d'un pseudo feelgood movie, tant qu'il se contente de présenter les facéties de son duo vedette. La formule fonctionne pas trop mal. Sauf que les moins coulants s'agaceront vite de cette béatitude naïve et de ce monde merveilleux construit comme le hall du siège social Playmobil par Omar, pour sa fille qu'il élève depuis maintenant huit ans.
Car ensuite, le feelgood movie s'efface progressivement, plombé par tout ce dont le scénario regorge en matière d'effets dramatiques assénés dans un "Que c'est affreux !" que l'on jurerait entendre résonner dans la salle, et de pathos qui laisse parfois interdit tant on voit cela venir de loin. Certaines de ces révélations se font même dans le premier tiers du film, sapant immédiatement l'atmosphère un peu joyeuse installée de manière extrêmement maladroite, mais parfois touchante. En effet, le temps de quelques plans, en forme d'ombres projetées sur le bitume suggérant la réunion familiale, ou encore cette demi-confession d'une mère sur ce qu'elle a traversé et essayant de s'amender, Demain Tout Commence fait enfin preuve d'une certaine sincérité dans son discours qui survit à l'aspect très pataud des intentions du réalisateur, hésitant et peu sûr de lui. Au point de finir son spectateur en lui faisant endurer le procès habituel et un retournement de situation bien faisandé qui fera, encore une fois, couler quelques larmes au coin des yeux des plus influençables.
Au point de couler, dans sa dernière ligne droite, dans un affrontement neuneu et longuet, sur le mode du "tu m'y a obligé". Tout cela alors que la fuite en avant du personnage d'Omar Sy, tant dans l'artificialité de son monde naïf et enfantin que dans celui de sa profession de cascadeur, méritait bien mieux en questionnant sur la réalité de notre vie et son but. A la place, Hugo Gélin ne proposera que ses images finales en forme de soleil couchant et de réunion tarte-à-la-crème sur lit de voix off paresseuse.
Demain Tout Commence, en l'état, ne sait comment aguicher le spectateur entre sa comédie très effacée qui n'a que pour elle la sympathie procurée par ses deux têtes d'affiches, et sa volonté de soutirer à la ménagère quelques grands sentiments à bon marché, à force d'inonder sa scène d'effets dramatiques faisandés et déjà vus, dommage.
Et puisque Demain, Tout Commence, je m'engage à dire un jour, enfin, du bien de ce qui sera vendu comme une comédie française.
Promis, juré.
Behind_the_Mask, qui a croisé les doigts dans son dos.