Un film familial et intimiste d’Ozu, filmé comme toujours à quatre-vingts centimètres du sol en plans fixes (deux ou trois travellings tout de même, notamment lors de la fugue des enfants, mais très lents). Un cinéma entomologiste au service d’une humanité attentive, cette humanité qui grouille dans le Japon d’après-guerre, pays vaincu et humilié qui cherche à se relever dans le travail quotidien de chacun de ses habitants. Dans ce contexte austère, une femme affirme sa différence en même temps que son désir, choquant sa famille qui espérait pour elle un plus riche parti. La description de ladite famille est au centre du propos, Ozu décortiquant les rapports individuels et générationnels avec une minutie de fourmi, sans pathos ni complaisance, en éternel témoin impartial mais avec aussi cette aptitude à pénétrer doucement au cœur de l’âme humaine qui a toujours fait sa grandeur et sa singularité.