Étoile bipolaire est un docu parfaitement accessible qui pose sur cette maladie (dite bipolarité jusqu'à nouvelle appellation) une lumière nouvelle et splendide.
Au travers des témoignages sans retenue de trois femmes qui délivrent leurs pensées intimes, relatives à l'omniprésence du mal qui les domine - tel une étoile donc - on se glisse, le temps d'un visionnage, au cœur du mal et dans la peau de ces femmes vivant bancales sur un fil oscillant au-dessus d'un vide qui les aspire.
Peur de vivre et de mourir, désarroi face à la solitude et refus d'être "vues comme ça".
Les petites conversations entre initiées sont particulièrement savoureuses : échange de recettes pour "faire un beau cadavre bien propre" anecdotes qui font sourire malgré la gravité du contexte et dialogues surréalistes,
-Mais toi tu as essayé de te pendre quand même...
-Oui, mais j'avais huit ans alors je ne savais pas si c'était un jeu ???
-Comme vraiment ça ne venait pas - j'étais quand même impatiente - j'avais pris des ampoules et je me suis dit : je vais en même temps me faire les veines, avec trois trucs je vais peut-être y arriver...
propos au sujet de la mort - cette ombre qui plane - devenue banale comme la tour Eiffel à Paris et étant la solution naturellement envisagée comme la plus définitivement efficace.
Et puis le triomphe de la crise maniaque, décrite comme une transe bénéfique où du mal-être on passe à l'invulnérabilité, une délivrance pour ces malades qui ne veulent pas vraiment guérir mais ne veulent plus vraiment être malades.
Fêlures d'aujourd'hui vues sous tous les angles, aperçu sans concession d'un problème sans solution, refus de la langue de bois. Un document idéal sur des existences ébréchées. A voir si on s'intéresse à l'humanité.