A l'aide de nombreuses archives, et de témoins directs de cette époque, Mike Malloy nous présente un état des lieux du film policier italien, dit Poliziottesco, qui cartonnait tant à cette époque. On apprend également des choses folles, comme la présence de 23 000 salles de cinéma dans les années 1970, car c'était un loisir peu cher, et qui sera réduit de 90 % dans la décennie suivante, à la suite de l'arrivée de la télévision dans les foyers de façon très large.

Le genre m'intéresse beaucoup, il faut dire que les éditeurs français de blu-ray ont été particulièrement productifs dans le domaine, avec une petite préférence pour des films comme Un citoyen se rebelle ou le cinéma énervé de Fernando Di Leo. Ils reflètent de manière plus ou moins consciente l'état politique de l'Italie à cette époque, avec les brigades rouges, et aussi une volonté de changer de genre après avoir essoré le western spaghetti dans les années 1960 jusqu'au sublime tombeau que fut Mon nom est personne. Le documentaire datant de 2012, on revoit avec plaisir des personnes comme John Saxon ou Henry Silva, décédés depuis, et les très nombreux intervenants sont un des points forts du documentaire, comme la présence de scénaristes, Franco Nero, Fred Williamson, Joe Dallesandro ou encore Chris Mitchum. Pour la plupart, ces acteurs souvent étrangers jouaient dans ces films d'une part pour l'argent, car une partie de leur salaire allait dans leur poche, donc pas d'impôts, mais aussi pour le plaisir presque enfantin de jouer au gendarme et au voleur. Peu importe si ils étaient doublés en italien par la suite.

Le documentaire est assez exhaustif sur le genre, revenant sur le rôle polémique des femmes qui n'avaient clairement pas le beau rôle (la pauvre Barbara Bouchet s'en est pris plein les gencives dans ces films), le côté répétitif qui vient à peu (jusqu'à montrer par l'image une même scène d'action qu'on voit dans trois films différents !), jusqu'à créer une lassitude à force de, là aussi, essorer le genre. Pour qu'au final ne subsistent que des films comiques comme la saga de Nico Giraldi (avec Tomas Milian) ou le duo Terence Hill/Bud Spencer.

Mais ce qui m'a flingué le plaisir de ces deux heures de projection est sans nul doute son habillage graphique que je trouve ringarde au possible, avec du texte de partout dans l'image (qui est parfois en petit format sur l'écran à la manière d'une case de bande dessinée), et un aspect vieillot avec craquements presque ridicule. Sans oublier ce montage azimuté, qui nous bombarde sans arrêt de plans, car chaque personne interviewée doit avoir au bas mot 10 secondes à chacune de leurs interventions.

C'est vraiment un ton en-dessous d'un grand documentaire sur le cinéma, Electric Boogaloo, qui parlait aussi d'une époque dorée, car là, nous sommes tellement noyés qu'au final, il n'en ressort pas grand-chose, un film qui se démarquerait du lot. C'est peut-être une bonne introduction au Poliziottesco, mais il aurait clairement mérité plus de sobriété dans sa forme.

Boubakar
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le 25 mai 2024

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